Le village Aït Arbi, situé au sud de la commune d’Iferhounène, 7Okms au Sud-est de la wilaya de Tizi-Ouzou, est l’un des premiers villages de la commune de l’arch des Ath Ittoura à célébrer «Assensi», veillée spirituelle et religieuse, en hommage à Sidi Amar Oussadi.
Le défunt cheikh était venu de Tizit, dans l’arch d’Illiltène, pour enseigner le coran et prôner le message de Dieu dans ce village. A son décès au 18ème siècle, et sur sa tombe, les villageois ont construit une «Takoravt», en guise de reconnaissance à cet homme exemplaire et courageux, connu pour sa sagesse. «De son vivant, il était sollicité par les habitants de tous les villages avoisinants pour qu’il règle les conflits entre les familles ou entre les villages», dira un habitant de la région, Aït Hammou Mhenna, enseignant retraité. Nous l’avons rencontré dans la soirée de jeudi dernier, au cimetière du village, un endroit grouillant de femmes et d’hommes de tous âges, venus des 4 coins de la région pour se recueillir sur la tombe du saint Cheikh et solliciter sa bénédiction. A l’accueil, un parterre de religieux devant lesquels était étendu un tissu vert, sur lequel les pèlerins et les visiteurs pouvaient déposer leurs dons et recevoir en échange les louanges et les prières adressées au tout puissant de la part de ces hommes habillés en blanc. En milieu de journée, les visiteurs furent conviés par les villageois d’Aït Arbi à un copieux couscous garni de différentes viandes, ovine, bovine ou caprine. Messaoud Nait Messaoud, membre du comité du village nous expliquera : «3 bœufs, 8 boucs et 3 moutons ont été sacrifiés, afin de célébrer cette tradition séculaire héritée de nos ancêtres». Il nous expliquera que chaque famille du village a eu sa part de viande, selon le nombre de ses membres. Mhenna nous apprendra par ailleurs que «le «assensi» avait été interrompu pendant la guerre de libération, puis fut ressuscité dès l’indépendance et continue à être célébré jusqu’à nos jours». Notre interlocuteur ajoutera : «Une poignée d’islamistes, habitants hors du village, à leur retour dans les années 80, voulaient imposer leur dictat, en exigeant de nous d’abandonner ce rituel, lequel disaient-ils, est contraire à la Charia islamique. Mais la grande majorité des villageois étaient pour la poursuite de la célébration de cette fête, et depuis, nous avons intégré dans la charte du village, en assemblée générale, l’organisation de celle-ci un jeudi du mois d’août». Par ailleurs, concernant les origines de «Assensi» à la mémoire du Cheikh, l’enseignant retraité nous expliquera que celui-ci n’était pas seulement un religieux, mais aussi un seigneur de guerre. «Il sauva le village à plusieurs reprises durant des batailles qui ont eu lieu cotre d’autres villages à l’époque, notamment contre Ath Vou Youcef. Nos rivaux d’alors avaient encerclé le village, quand soudain un homme habillé en blanc fit son apparition dans la bataille sur le dos d’une jument verte. Et à lui seul, il chassa l’ennemi», nous dira notre narrateur. Il nous précisera : «C’est du moins ce qui se raconte de génération en génération».
A.M