Un été largement festif, mais…

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C’est un été particulièrement riche en festivités culturelles, artisanales et artistiques. Danses arabo-africaines, Fête du bijou de Beni Yenni, du tapis d’Aït Hichem, de la poterie de Mâatkas, du théâtre international de Béjaïa, Raconte-art à Iguersafen… En un mot, c’est une Kabylie en fête qui s’est déclinée cette saison particulièrement torride et non moins joyeuse.

Si le succès n’a pas toujours suivi, il n’en demeure pas moins que la volonté et la conviction de sortir des sentiers battus ont été de mise. D’abord, l’expérience des organisateurs a prévalu, ensuite la stabilité de ses derniers a fait éviter à ces derniers l’improvisation à laquelle nous ont habitués les manifestations de jadis. Pour la dernière édition, la douzième du nombre, de Raconte-arts, l’organisateur majeur, en l’occurrence Hacène Metref, pense que le choix d’Iguersafen n’a pas été hasardeux, plus, il répond à plusieurs paramètres historiques, sociologiques et écologiques : «Iguersafen est d’abord un village martyr, puisqu’il a été rasé par l’armée française le 4 décembre 1957. Outre ce fait d’Histoire, il y a la formidable organisation de ce village. D’ailleurs, grâce à la détermination de ses habitants, il est aujourd’hui un exemple de propreté et d’organisation. Franchement, il mérite amplement la palme du village le plus propre de Kabylie. Outre le côté environnemental, il y a également la question de l’autogestion qui caractérise ce village doté d’une organisation impeccable. Nous sommes en effet ici en présence d’une espèce de gouvernement local souverain qui prend les décisions en concertation et dans le respect des traditions séculaires de Tajmaât. Ce sont des éléments importants pour la tenue d’un festival mais qui facilitent aussi la vie villageoise. En ce sens, par sa capacité de prise en charge, Iguersafen est un exemple à suivre». Il n’en demeure pas moins que, vu le dynamisme culturel et artistique qu’elle connaît, la région se distingue par la pérennité des activités programmées. Ce ne sont plus des idées aussitôt pensées aussitôt enterrées, qui vivent ce que vivent les roses l’espace d’un matin, mais des activités mûrement réfléchies, conceptualisées, pour être inscrites dans la durée, à l’image de la 7e édition du festival international du théâtre professionnel dont l’initiateur, Omar Fatmouche, vient de faire prévaloir son droit à la retraite tout en demeurant, vigile irréductible, commissaire de cette manifestation majeure dédiée à l’art dramatique en Algérie.

L’artisanat, un parent pauvre ?

En fait, toute démarche culturelle n’est viable que par sa résistance à l’oubli et à l’œuvre du temps. N’est-ce pas que nos artisans, bijoutiers, potiers, tisserands, dinandiers et forgerons souffrent de l’absence de mise en valeur de leurs produits, donc de la commercialisation mitigée de ces derniers, d’où les déperditions enregistrées dans ces métiers au profit d’autres plus rémunérateurs ou à la limite pas autant exigeants, pour si peu. Certes, le ministre de la Culture à promis lors de sa dernière visite à Tizi-Ouzou de promouvoir le festival du tapis d’Aït Hichem en festival national, pour «permettre l’échange et la concurrence entre les tapissiers (ères) de tout le pays». L’idée est généreuse, mais est-ce que cela suffit ? Sans doute pas, dès lors que l’artisan, quel que soit son métier, a du mal à s’approvisionner en matière première et encore pis à écouler son produit. Cependant, il n’en demeure pas moins que ces festivals et fêtes sont grandement utiles par le service qu’ils rendent aux consommateurs de ces activités. Il reste toutefois à les rentabiliser dans l’intérêt de leurs auteurs. Faute de quoi, ils disparaîtront à plus ou moins brève échéance.

Sadek A.H

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