Les centres urbains envahis par les détritus

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«L’extérieur rutilant et l’intérieur a le plein de crottin», c’est en ces termes que décrivait Mouloud Feraoun la localité de Bordj Ménaïel, dans la première moitié du 20ème siècle. Aujourd’hui, les choses s’y sont inversées. Si les citoyens ont un grand souci pour la propreté de leurs domiciles, ils n’attachent que très peu d’importance à celle de leur environnement. à Bordj Ménaïel, la population avait tout de même redoré l’image de sa ville, ces dernières années, en supprimant la décharge sauvage du lieu dit Vachet, qui enlaidissait notamment un grand site de chalets jouxtant des édifices publics, et sa mobilisation constante aura permis aussi de veiller au nettoiement quotidien des ruelles du centre-ville et de l’avenue du quartier La plaine, qui pullulent de marchands de fruits et légumes. «Chaque commerçant est tenu de laver à grande eau son espace à la fin de sa journée», notera un membre d’une ancienne association communale de protection de l’environnement. Plus loin vers l’Est de Boumerdès, exactement au village de Benchoud, des dizaines de citoyens avaient protesté il y a moins de deux semaines, contre la présence d’un dépotoir illégal situé à proximité de leurs foyers. Les manifestants, ayant systématiquement fermé l’axe Baghlia-Dellys ce jour-là se plaignaient de la puanteur qui se dégage de cet amas de saletés et ils réclament bien sûr la délocalisation de cette décharge qui présente un danger pour leur santé. Bien d’autres villes, cependant, y compris le chef-lieu de wilaya, sont envahies par des détritus. De nombreux quartiers, comme celui jouxtant le marché hebdomadaire, ceux de la polyclinique ou de Alléligia, y offrent un spectacle de désolation. Ayant vainement attendu durant une semaine le passage des services communaux de voirie, certains habitants de la cité 20 Août, à l’ex Rocher Noir, ont dû finalement incinérer leurs ordures, ce qui dégage des fumées toxiques. Au niveau de la même cité située à proximité d’une instance étatique de sécurité d’un hôtel et d’une banque nationale, l’on revendique surtout et d’urgence un plan de révision de l’assainissement des eaux usées. En grandes quantités, ces eaux insalubres, dont l’odeur est insupportable, se déversent sempiternellement à ciel ouvert. Dans un rond point de l’entrée Ouest de Boumerdès, un écriteau est formel  »ville propre », mais celle-ci n’a pas encore mérité ce qualificatif.

Salim Haddou

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