Mihoubi au chevet de la Casbah

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C’était avant-hier, vers treize heures, que les services du ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, ont annoncé la visite du chef du département de la culture du gouvernement à la wilaya de Béjaïa.

Ce dernier est arrivé vers dix-sept-heures-trente pour une visite éclair. C’est la première visite d’un ministre de la Culture à Béjaïa depuis l’année deux mille quatre. Ainsi, dès son arrivée, il a été convié par le wali et le directeur de la culture à visiter quatre sites culturels dans la ville de Béjaïa. Il a été accompagné par le wali, le président de l’APW le directeur de la culture, ainsi qu’une délégation fort nombreuse. Le premier site visité fut celui de l’ex-tribunal de Béjaïa dont une aile entière s’est effondrée, et les travaux de réhabilitation en cours. Ce fut aussi l’occasion pour le wali fraîchement installé de le découvrir. Des éclaircissements furent ainsi demandés au premier responsable de la culture de la wilaya, et des décisions furent prises, notamment celle de faire appel à des entreprises spécialisées et plus qualifiées pour prendre en charge les travaux sans prendre le risque de voir l’autre partie du bâtiment s’effondrer à son tour. À une centaine de mètres plus haut, la délégation ministérielle s’est arrêtée au niveau de la Casbah de Béjaïa, où des travaux de restauration sont en cours. Plusieurs questions ont ainsi été posées sur les raisons du revêtement qui couvre la brique rouge et qui donne l’impression de dénaturer le site. Cette question fut soulevée en son temps lorsque la société civile avait été offusquée de voir que les murs d’enceinte de la Casbah étaient en train de subir un revêtement qui changeait sa physionomie habituelle. C’était au début du mois de mai dernier. La direction de la culture avait alors organisé une rencontre entre le bureau d’études et les spécialistes ainsi que les présidents d’associations directement concernées par le sujet. La question est tellement délicate qu’il serait prétentieux de vouloir la traiter en quelques lignes. Mais la réaction du ministre a été très intéressante. En effet, Azzedine Mihoubi s’est montré très respectueux de la ville, de son passé historique, de sa culture et de sa civilisation. Il a ainsi proposé d’aider à organiser des rencontres avec des spécialistes espagnols, puisqu’ils sont aussi concernés par ce site qu’ils ont eux-mêmes construit. Dans le cadre des échanges entre les deux pays, il compte obtenir la coopération des autorités espagnoles pour aider à mieux prendre en charge les travaux de restauration du site. Un des problèmes qu’ont rencontrés les responsables en charge de ce dossier est effectivement l’absence d’entreprise spécialisée dans la restauration.

Direction de la culture et bibliothèque

La troisième et quatrième haltes du ministre furent aux chantiers de construction du futur siège de la direction de la culture, ainsi que celui de la bibliothèque de lecture publique. Des discussions furent engagées sur des détails architecturaux, et des instructions furent données aussi bien par le ministre que par le wali. À titre d’exemple, le wali, tout comme au chantier du campus universitaire d’El Kseur, s’est offusqué de l’utilisation par le bureau d’études, de la couleur rouge sur la maquette du projet, et a demandé de la changer. Selon lui, cette couleur ne convenait pas au site. Le ministre a quant à lui exprimé son désir de voir la façade représenter valablement un élément de l’architecture locale. Celle exposée sur les planches était assez impersonnelle et n’avait aucun lien avec la tradition et la culture de Béjaïa. Il faudrait que le lecteur se sente vite chez lui en venant à la bibliothèque. Les remarques ne se sont heureusement pas limitées aux aspects extérieurs du projet. S’adressant à la responsable de cette bibliothèque, le ministre a tout de suite donné des instructions sur les modalités d’acquisition des collections de livres, en ne les achetant que presqu’exclusivement dans les librairies locales. Le ministre compte ainsi donner une nouvelle impulsion à la création de nouvelles librairies en stimulant le marché du livre. La bibliothèque de Béjaïa, à l’instar de toutes les autres du pays, reçoit systématiquement toutes les publications du ministère de la Culture, et devra en plus en acquérir d’autres dans tous les domaines pour enrichir son fonds et satisfaire la demande des lecteurs. Il a aussi insisté sur les horaires d’ouverture de cet établissement qui devront aller jusqu’à vingt-deux heures. De même, a-t-il ordonné dès cette année, tous les enfants scolarisés du primaire au lycée doivent impérativement avoir une carte gratuite d’accès à la bibliothèque. Il ne faudrait pas attendre que les élèves se présentent à la bibliothèque. Il faudrait, avec l’accord de la direction de l’éducation, aller dans toutes les écoles, les collèges et les lycées et demander aux élèves de fournir les dossiers nécessaires pour une inscription systématique à la bibliothèque. Chaque élève doit avoir sa carte de bibliothèque, pour l’inciter à fréquenter cet établissement. L’approche du ministre est assez nouvelle et va assurément dans le sens de booster l’activité livresque et remplir les bancs des bibliothèques qui restent hélas trop souvent vides.

Bordj Moussa

Le ministre aurait dû aussi visiter la Maison de la culture située juste à quelques mètres de là pour constater l’ampleur des dégâts qu’elle a subis, ainsi la question de sa réhabilitation qui traîne depuis un an et demi. Une intervention spéciale des autorités devait permettre d’accélérer les travaux de sa réhabilitation et moderniser le site. La visite du ministre s’est terminée à Bordj Moussa où il a tenu à assister à l’ouverture de la treizième édition des Journées Cinématographiques de Béjaia. C’est une reconnaissance de fait de ce festival. En marge de ces visites d’inspection, Azzedine Mihoubi a aussi rencontré la société civile et les citoyens pour des discussions fructueuses, puisque cela lui a permis de mieux comprendre les spécificités de cette région. Il a été surpris par le niveau de culture de ses interlocuteurs dont l’un lui a offert des livres sur l’histoire de la ville et de la région. Il s’est franchement montré surpris, en affirmant que c’était la première fois, lors de ses visites ministérielles, que quelqu’un de la société civile l’aborde pour lui offrir des livres. Une des filles de Saddek Lebdjaoui l’a aussi interpellé sur la nécessité pour elle de créer une fondation au nom de son père. Ce qui paraissait évident au ministre, visiblement non informé sur le conflit qui s’est déclenché à Béjaïa sur cette question. Il a proposé l’aide de son département ministériel pour compiler l’œuvre du maître et de publier des ouvrages à son sujet.

N. Si Yani

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