Et s’il pleuvait du pétrole

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Les orages se bousculent dans le ciel d’At Rgad. Pas un chat sous les pluies diluviennes. À l’abri, dans un véritable scaphandre et défiant mère nature, Lbachir La Bessace, lui, brave les orages et ne désespère pas de tomber sur une accroche, genre : «inondation assassine à At Rgad : le pouvoir a encore frappé !». Au tour d’un café Dezdeg et ses amis de toujours commentent le mauvais temps et, bien évidemment, la mauvaise passe économique que traverse le gouvernement.

– Franchement, crise ou pas crise, moi, je ne ressens rien de pire. De toute façon, mon portemonnaie ne peut pas aller au-delà du fond qu’il a atteint depuis très très longtemps.

– Si seulement toute cette pluie se transformait en pétrole ! s’exclame Sadiya n’l’euro

– Cela ne changerait rien na Sadiya. L’argent du pétrole diluvien connaitrait le même sort que celui du sous-sol de Hassi Messaoud, lui répond l’Angoisse.

– Mais si ça changerait tout, contredit da Militant

– Comment ça ?

– En fait, la Sonatrach, donc l’Etat, n’aurait aucun droit sur le pétrole qui pleuvrait. Il appartiendrait de facto aux populations des villages et des villes qui auraient enregistrés des taux de pétroviométrie. Le pétrole appartiendrait aux âarchs réceptacles du déluge pétrolier. Il suffit juste de s’organiser pour intégrer cette nouvelle économie divine. À At rgad par exemple, il va falloir d’abord reconfigurer les rigoles de sorte qu’elles convergent et aboutissent dans de méga barils. Ensuite, désigner parmi le âarch, un délégué chargé de la commercialisation du pétrole. Mais avant tout cela, dégager un consensus sur la politique pétrolière à suivre, telle que la non-intégration de l’OPEP ….

Da militant ne terminera pas sa phrase. L’Angoisse le rappelle à la réalité chakibiste. Mais Sadiya n’l’euro, elle, trouve les propos de Da Militant pas complètement débiles.

– Vous savez, ce que vient de dire da Militant est réalisable avec le pétrole du sous-sol. N’est-ce pas que Sonatrach appartient à nous tous ? Dans ce cas, au lieu de désigner des Chakib pour gérer notre source de revenus, il serait plus juste et judicieux que chacun de nous aille pomper sa part du pétrole à la source. La solution est donc là : que chaque village, chaque ville soient dotés de moyens d’acheminer le pétrole depuis Hassi Messaoud. Comme l’a expliqué da Militant, faudrait, bien évidemment, désigner un comité pour la gestion des affaires pétrolières…. Plus j’y réfléchis, plus je trouve l’idée salvatrice. Tout le monde, à commencer par Sellal, y trouvera son compte

– Na Sadiya suppose au préalable une reconfiguration du système de gouvernance, estime Da Militant

– Ça veut dire quoi reconfiguration…

– Il va falloir que Tamurt fonctionne autrement. D’abord, la décentralisation est fondamentale. Ensuite, opter pour un mode parmi tant d’autres existants : le fédéralisme, la régionalisation, l’autonomie…. Et de cela, il n’y a que le parlement qui peut en débattre et en décider

– Ihi, on va voir ce parlement

T.O.A t.ouldmar@yahoo.fr

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