Remous à Aït-Smaïl

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La mosquée « Al Houda » sise à Tergregt, chef-lieu de la commune d’Aït Smaïl, connaît depuis longtemps des remous ; une situation qui a engendré une nette division parmi la population.

D’un côté les détracteurs de l’imam qui exigent son départ dans les plus brefs délais, de l’autre, ceux qui sont contre son départ. Selon le président de l’association religieuse, M. Zemmouri Azedine, «l’imam actuel n’a pas le niveau qu’il faut pour mener à bien sa mission», mais de l’autre côté l’imam de la mosquée, M. Amar Yahiaoui, nous a déclaré que «cette association est à la solde d’extrémistes qui veulent contrôler la mosquée et imposer un islam autre que celui pratiqué par nos ancêtres depuis toujours !». Le torchon brûle entre les deux camps et aucun des deux n’est prêt à reculer, au point où ce différend a réussi à diviser les habitants des villages alentours, l’inimitié a même gagné les membres issus d’une même famille ! Ce qui complique la situation est que cet imam est natif de Tergregt (Aït-Smaïl), et lui aussi a sa famille et des alliés au sein de la population. «Depuis le mois de juin passé le directeur des affaires religieuses nous a promis un nouvel imam, mais il n’a pas tenu parole !», a-t-on fait savoir. Dernièrement, une vingtaine d’adhérents de l’association religieuse s’est déplacée à Béjaïa et a bloqué la direction des affaires religieuses pendant toute une matinée pour demander au directeur de tenir ses promesses. «Nous avons écrit au wali, nous avons déjà bloqué la direction des affaires religieuses, et si nous n’obtenons pas ce que nous demandons, nous envisagerons d’autres actions», menace le président de l’association. Dans l’autre camp, les défenseurs de l’imam sont tout aussi déterminés et menacent de recourir à la fermeture de l’APC ainsi que la direction des affaires religieuses si une décision arbitraire venait à transférer cet imam. «Nous avons réuni une pétition de 600 signatures que nous avons transmise aux différentes autorités pour que l’imam demeure à sa place. Si le directeur des affaires religieuses a peur de vingt personnes, alors que se passerait-il quand 600 citoyens se présenteront devant lui ?», ont-ils répliqué. «J’ai travaillé à Ighil ou Antar, dans la commune de M’cisna, et je n’ai eu aucun problème», nous dit M. Yahiauoui. Il ne comprend pas comment cette association réclame carrément son départ, alors que c’est la même association qui avait insisté pour qu’il vienne. «À l’époque, il n’y avait pas de logement, alors les gens d’ici m’avaient supplié de venir car aucun imam n’accepterait de travailler sans logement, et maintenant on a décidé de se passer de moi !», ajoutera-t-il. Le logement de fonction de l’imam constitue un autre point de discorde entre les deux parties. Construit avec l’argent des cotisations du peuple, il est actuellement dans un mauvais état. Selon l’imam, après la construction de l’étage par l’association pour loger le nouvel imam, plusieurs fissures sont apparues et c’est devenu dangereux d’y habiter. «Même si je viens à partir, je ne laisserai pas quelqu’un d’autre l’habiter, car le risque d’effondrement est grand !», fera-t-il remarquer. Et les deux parties attendent toujours le rapport du CTC de Béjaïa, lequel, a demandé des examens plus approfondis pour déterminer exactement si ce logement est habitable ou non. En tout cas, la genèse de cette complication reste floue. Il y a ceux qui affirment que ce problème est le fruit de manipulations de personnes malintentionnées qui ne cessent de souffler pour attiser le feu de la fitna et, ainsi, régler des comptes inavoués. Il y a d’autres qui voient que c’est un affrontement pur et simple entre malékites et wahhabites, et d’autres encore qui croient que c’est juste une histoire de jalousie. Mais, la haine qui s’est installée entre les différents protagonistes se renforce de jour en jour. Seule l’intervention immédiate de l’État et des sages de la région permettrait de désamorcer cette crise aux relents de plus en plus nauséabonds !

Saïd M.

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