Colloque scientifique sur le savant soufi Yahia Zwawi

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Le parcours et la vie du savant soufi Sidi-Yahia Zwawi ont été évoqués lors d’un colloque ouvert, mercredi à Béjaïa, en présence d’un large panel d’universitaires et de chercheurs, regroupés pour jeter un nouveau regard sur la dimension religieuse, spirituelle, sociale et humaine de cette personnalité. Natif du village des Béni-Aïssi, en grande Kabylie, Yahia Zwawi faisait partie du cercle immédiat des « princes de la science » du moyen âge qui ont fait de Béjaïa un carrefour de civilisations de premier ordre. Il était, en effet, contemporain de Sidi-Boumediene avec qui il a « entretenu des rapports spécifiques », de Abdelhak El Ishbili et de Abdelhamid El Massili, a souligné le professeur Djamil Aissani, spécialiste en recherches historiographiques et président de la société savante Gehimab. C’était aussi l’époque où le célèbre mathématicien Italien Léonardo Fibonnacci (1170-1240) s’était établi dans la ville pour s’initier aux systèmes de numérotation, aux méthodes de calcul et aux techniques commerciales, usités en terre d’Islam, a-t-il ajouté. Yahia Zwawi est un « moment glorieux de Béjaïa, marqué par un dynamisme intellectuel des plus vifs et des plus renommés » du monde musulman. L’illustre métaphysicien, Ibn Arabi, de passage alors dans la région, en fut subjugué résumant celui-ci à une grande vision, a signalé le même chercheur. « Une nuit, je me vis en conjonction avec toutes les étoiles du ciel, j’étais uni à chacune d’elle avec une grande joie spirituelle », a-t-il rapporté alors dans son non moins illustre œuvre « Futuhat ». Et c’est dans cette ambiance intellectuelle riche qu’a baigné Yahia Zwawi. Il a fait partie de l’école de la qalâa des Béni-Hammad, se spécialisant dans le Fiq’h (jurisprudence en islam) et les diverses sciences avant de s’initier au mysticisme au Moyen orient. De retour à Béjaïa, il a occupé une chaire d’enseignant à la grande mosquée de la ville « Masdjid El Aadham », y assurant des cours de Fiq’h, les hadiths et les usuls et tenait des madjalis sur les causeries (Ulum Al ûtdhakir dans plusieurs région de la wilaya, notamment à l’oratoire de Mellala, à la sortie Ouest de Béjaïa, rendu célèbre par Abderahmane Ibn Tumert (1117) , qui y a planifié alors, la conquête de l’Andalousie, a ajouté le professeur Aissani. Yahia Zwawi n’a pas légué d’œuvres connues, qui ont pu traverser les siècles, selon le conférencier. Mais, a-t-il dit, « il a inspiré et intéressé d’éminents érudits dont El Guebrini, qui lui consacra tout un chapitre dans son prestigieux livre « Unwan ediraya et Ibn Zubeir Al Gharnati », a-t-il précisé. Chacun a dû y relever sa piété sa vision et sa hauteur religieuse, sa contribution au développement du soufisme dans la région, mais aussi sa dimension humaine. Replié dans son mausolée, non loin de l’actuel port pétrolier de Béjaïa, il a partagé toutes les joies et peines des habitants, pour qui il prenait manifestement fait en cause, qu’il s’agisse de catastrophes ou de rapports avec les gouvernants. Sa biographie et son parcours sont tout à fait livresque. Et c’est ce que propose ce colloque pour identifier et faire connaître son action, ses contributions et, au-delà localiser et répertorier les documents d’archives disponibles pour favoriser leur édition. Mort en 1215, Yahia Zwawi a laissé une importante bibliothèque, notamment dans sa région d’adoption, Bordj-Ghedir (Bordj Bou Arredj), où une escale commémorative est prévue, avec la tenue de conférences et d’une visite des lieux où il a résidé.

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