À l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, ce ne sont plus les motivations personnelles ni encore moins les attentes professionnelles qui déterminent le choix de la spécialité chez les nouveaux bacheliers. Ces derniers opèrent leurs choix plutôt en fonction des grèves récurrentes dont ils entendaient parler alors qu’ils étaient encore au lycée. Ils optent en effet pour les filières dont les départements sont les moins perturbés par les grèves. La filière des sciences politiques et relations internationales en est l’exemple le plus éloquent. En effet, le nombre des nouveaux bacheliers qui s’y sont inscrits ne dépasse pas 57 étudiants contre 450 inscrits l’année passée, comme l’a confirmé le chef dudit département, M. Hamdani Lounes. Il faut dire que ce département a connu l’année passé (2014/2015) une grève enclenchée par les étudiants durant presque toute l’année. «Nous avons entamé notre grève le 28 octobre 2014 et nous venons juste de reprendre à l’occasion de la rentrée scolaire 2015/2016», nous dira un étudiant membre du comité des étudiants du département des Sciences Po. Et d’ajouter, quant aux raisons de la grève et de la reprise : «Nous réclamions la reconnaissance de notre diplôme. Car les diplômés en la matière n’ont pas accès à la fonction publique notamment au secteur de l’éducation, sachant que notre formation nous permet d’enseigner notamment la matière de l’Histoire au CEM Comme au lycée. Une délégation du ministère de l’Enseignement supérieur et de celui de l’Education est venue au rectorat de l’université de Tizi Ouzou en juin dernier, pour entendre de près nos réclamations. Dans une réunion rassemblant le recteur et les membres du comité du département, les deux délégations ont donné des assurances de répondre à nos doléances qui sont en fait d’ordre national. Ils nous ont promis, quoique ce n’est pas pour demain, de voir comment nous réintégrer dans le secteur de l’éducation, notre principale revendication». Pour un éventuel rattrapage des 09 mois de grève, les étudiants ont entamé les cours du deuxième semestre dès le mois de septembre de l’année en cours tout en passant les examens du premier semestre les jeudis et samedis. «Nous pouvons valider l’année d’ici la fin du mois de novembre si tout va bien», nous dira le chef de département. Il a fait savoir par ailleurs qu’un concours de Doctorat sera organisé dans la matière à la fin des délibérations de l’année 2014/2015. «C’est à cause de ce bain de problèmes que beaucoup de nouveaux bacheliers évitent de s’orienter vers certaines spécialités, pourtant désirées. «Beaucoup risquent de passer à côté de leur vocation. C’est grave, chez nous il n’y a guère d’investissement dans les ressources humaines», dira un étudiant du département de Sciences Techniques qui ajoute : «L’année dernière, c’était ma première année à l’université et je l’ai entamée avec plus de 03 mois de grève dans notre département. Les conséquences : on consacre la rentrée de la nouvelle année à passer les examens de l’an dernier». Beaucoup d’autres départements, comme celui de français, ont été cités par des étudiants comme étant des départements dont la scolarité connait des perturbations chaque année. Un parent d’un étudiant s’adressera à nous en s’interrogeant : «Jusqu’à quand nos enfants seront encore obligés de recourir à la grève pour voir leurs problèmes pris en charge ? Les autorités concernées devraient être plus à l’écoute et ne pas laisser les choses s’envenimer».
Noureddine Tidjedam
