Comme chaque année, en cette période, se produit le retour d’une brume matinale opaque dont la densité réduit la visibilité parfois à moins de 20 m le long de la profonde vallée qui prend naissance à partir de Draâ-El-Mizan jusqu’à Béjaïa avec une ramification à partir de M’Chedallah jusqu’à Sétif. La RN5 ainsi que l’autoroute qui longent cette vallée sur plus de 250 kms deviennent ainsi extrêmement dangereuses à la circulation automobile à cause de cette brume blanche, à l’origine d’une sensible augmentation des accidents de circulation qui triplent durant toute cette période qui s’étale sur environ 06 mois ; soit d’octobre à mars. La mise en service des deux barrages Tilesdit de Bechloul et Tichy Haf dans la région d’Akbou, qui sont à l’origine d’une autre non moins sensible augmentation du taux d’humidité contribue à renforcer cette brume et lui donner plus d’opacité. Une brume qui s’élève à 4 heures du matin pour ne se dissiper complètement qu’aux environs de 11h et qui crée un prodigieux décor fantomatique qui n’a rien à envier à celui de la Normandie. En plus de réduire la visibilité la brume matinale combinée à ce taux assez élevé d’humidité rend la chaussée et l’asphalte extrêmement glissants lesquels prennent les formes d’une véritable piste de patinage artistique. De ce fait, le moindre coup de frein ferait perdre au conducteur le contrôle de son véhicule et l’éjecter dans les décors. La portée des sons est aussi réduite que celle de la visibilité. Donc ne pas trop y compter sur les appels de phares ou coups d’avertisseurs qui ne servent absolument à rien, même le son des voix parvient déformé le danger en ce moment sur ces deux routes se calcule selon le degré de prise de conscience du conducteur, ses capacités dans la conduite et la promptitude de ses réflexes. Il n’est pas exagéré de dire que la conduite se fait presque à l’aveuglette avec, en plus, un phénoménal changement topographique déroutant au sens propre du terme des formes, des objets des sons et de l’environnement immédiat. Les ténèbres et l’obscurité d’une nuit sans lune sont beaucoup moins dangereux que cette brume qui prend par endroits les formes d’un véritable obstacle, par exemple au niveau des couloirs étroits des gorges de Lakhdaria et aux portes de fer dans les Bibans. La brume en ces lieux est comme condensée et d’une telle opacité que des caméramans chevronnés arrivent à s’en servir comme d’un écran et obtiennent des projections fantastiques dignes d’un film d’Alfred Hitchcock. C’est aussi durant cette saison des brumes que les animaux sauvages payent un lourd tribut à la route et font objet d’un balayage systématique, rares sont celles de ces pauvres bêtes qui s’en sortent indemnes en traversant ces routes. Cette situation relatée ne semble pas préoccuper les services de la DTP, sinon comment expliquer l’absence totale de plaques de signalisation de ce phénomène naturel qui constitue un véritable piège sur 250 kms aux dizaines de milliers d’usagers quotidiens de ces deux plus importants axes routiers du pays. Si les chauffeurs du Nord du pays ont plus ou moins une certaine expérience de ces brumes fréquentes un peu partout dans les régions Nord du pays et le long du littoral, il n’en est rien des habitants du Sud et certains visiteurs étrangers peu habitués à ce genre de manifestations des éléments naturels. Des recommandations de prudence à base de plaques de signalisation routières sont plus qu’indispensables telles que la limitation de vitesse, l’utilisation des feux antibrouillards et enfin celles signalant une chaussée glissante à l’extrême et enfin la présence d’animaux sauvages à proximité des nombreuses forêts que traversent ces deux routes dont l’itinéraire est parsemée en plus de virages, de pentes raides et de descentes assez accentuées.
Oulaid Soualah
