Conclave contre les sucrés poilus

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Le tabloïd et Ghurub-tv éperonnent, agitent et s’agitent, s’enflamment et enflamment, s’enfièvrent et enfièvrent, Rebrabent et déRebrabent, accusent et condamnent, vénèrent et haïssent, dédouanent et accusent… Les politiques, eux, faute de mobiliser dans des espaces publics et faire unanimité autour de leurs nombrils, mobilisent papiers, fax et phraséologies rodées à l’alarmisme pour occuper une rue…virtuelle. Le vieux Dezdeg, devenu un autre homme, un mélange de Ccix Mohand Oul’hocine, Mahatma Gandhi et Dalaï-Lama, depuis ses virées dans le temps, n’accordent plus aucun intérêt aux forcings politico-médiatiques. Même les ambitions monarchiques supposées ou avérées de Boutef et les prétentions citoyennes de l’instrument à percussions lui paraissent insignifiantes. Idem pour ses compagnons. En fait, le tout At Rgad a tourné le dos aux bruits du sucre et celui des barils à moitié vides finissant leur dégringolade contre le mur d’une mosquée à moitié pleine. Ihi, avant-hier, pendant que la Besace servait du réchauffé sucré et poilu, le Vieux se sentant chargé d’une grande mission, convoque un conclave restreint. Assis à côté de Sadiya n l’Euro et ses autres compagnons, dans l’une des salles de l’unique école primaire, le vieux Rezqi ouvre la séance en paraphrasant un amusnaw : «Les nations étant inévitablement plus bêtes que les individus, toute pensée a le devoir de se sentir en révolte. Aujourd’hui, nous ne pouvons compter que sur nous-même. Smata a trop durée. Nous allons prendre notre destin en main. Mais d’abord, ilaq que vous m’expliquiez ce que représente pour vous Taddart. Comment vous définissez la patrie, la démocratie ?». Après quelques temps de flottements, les conclavistes ont fini par comprendre le conférencier et semblent avoir approuvé sa démarche. À cette première rencontre, prélude d’autres à venir, étaient présents, entre autres : Da Achour, ancien redresseur redressé et tôlier de son état ; Na Adidi, veuve d’un militant FFS tombé en 63 ; Lmulud, militant carré d’obédience alcoolo-démocrate ; Ccix Brahim, chômeur de son état et islamiste à plein temps ; M’henna, l’artiste incompris du village ; Hadj Belkacem, entrepreneur ; Malika n’At Tahar, féministe engagé et autonomiste de «confession» ; H’mimi, le doyen des étudiants n’taddart et président de l’association «Pourquoi pas ?». Après le speech d’ouverture, tous les conclavistes avaient pris la parole pour saluer l’initiative du vieux Dezdeg et assurer le président de la rencontre de leur engagement désintéressé. Sadiya n l’Euro, la dernière à prendre la parole, invite tout le monde à revenir dans un mois avec des propositions fortes et conclura : «attention, ne soufflez pas un mot de notre rencontre à la Besace !»

T.O.A.

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