On ne s’improvise pas cinéaste !

Partager

On ne se lassera jamais de ressasser, telle une rengaine, la qualité déplorable du film algérien en général et d’expression amazighe en particulier.

Si ce n’est pas la thématique qui pose problème, c’est la direction d’acteurs qui cloche. Les lumières, le son, les décors, quant à la thématique alors là n’en parlons pas. Ce sont des sujets usés à la corde puisée dans les items sociaux, écrasés par une vision restrictive des libertés individuelles dénuées d’audace et de punch. C’est ce à quoi nous invitent toutes, à de rares exceptions près, la 14e édition du Film amazigh. La majorité des œuvres présentées à cette occasion ont pêché par excès de précipitation. Ce qui nous fait largement comprendre que l’intérêt du public va vers le câble satellite et les télévisions pour contempler le septième art. Il (le public) préfère les productions étrangères à celles de son pays. Et pourtant, bien qu’ils puissent être comptés dans les doigts des deux mains, dans le cas le plus charitable, il n’en demeure pas moins que des films parlant tamazight ont honoré par les distinctions à l’international, leur pays et leurs régions respectives. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt de navets. Citons pour l’exemple «Iseflan» (Sacrifice) du jeune réalisateur algérien, Ahmed Mebani, qui avait obtenu le premier prix de la meilleure réalisation cinématographique, et l’acteur Arezki Oulhadj, qui a interprété le rôle principal dans ce film, produit par l’agence Gofilm de Tizi-Ouzou, a également été sacré meilleure interprétation masculine. Ces distinctions ont été remportées lors de la huitième édition du Festival international du film amazigh qui s’est déroulé à Agadir, au mois de novembre 2014. « La production professionnelle du cinéma d’expression amazighe représenté par, entre autres, Bouguermouh et Belkacem Hadjadj, ne compte qu’une dizaine de films », a relevé le scénariste et président du Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques (FDATIC), Tahar Boukella, lors d’une journée d’étude sur le « Cinéma amazigh, bilan et perspectives à l’ère des technologies de l’information et de la communication ». Pour le reste de la production, il s’agit plutôt « d’autoproductions de jeunes amateurs qui tournent avec des caméras vidéos qu’ils vendent sous forme de DVD et qu’ils arrivent parfois à faire passer à la télévision », a-t-il précisé. « Ces films ne sont pas des productions cinématographiques, vu qu’ils ne répondent pas au format du cinéma, car ce sont des vidéos de qualité technique assez médiocre et une écriture assez basique et pas très élaborée », a indiqué M. Boukella, soulignant toutefois qu’il n’y a pas lieu « dénigrer » ces productions puisqu’elles constituent un « vivier qui montre qu’il y a une jeunesse qui veut faire du cinéma ». Cependant, il faudra songer à la formation de ces jeunes parce qu’on ne peut s’improviser metteur en scène ou même acteur sans connaître les bases du septième art. Faire le clown, c’est souvent le cas et c’est ce que tente de faire bon nombre d’interprètes de DVD kabyles, n’est jamais à la portée du premier venu. N’est pas Achille Zavatta ou Youri Nikouline qui veut.

Sadek A. H.

Partager