Le secret du fils de l’Ag’edlli’d

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(2e partie)

Devenu le gendre de l’Ag’ellid du pays, un jour qu’il flânait près du port, il fut reconnu par celui qui l’avait acheté, qui se met à crier : – “D’akli ouagi, i rouli yi etftsi-d a laghachi !” (Cet homme est un esclave qui s’est enfui. Attrapez-le si vous le pouvez !).Aussitôt, les marins le cernent et l’empoignent. Heureux d’avoir mis la main dessus, le marchand s’avance vers lui en ricanant et lui dit :- Tu t’es joué de moi, tu as falsifié la lettre qui m’était destinée, mais tu ne l’emporteras pas au paradis ! Je vais t’enchaîner et te faire surveiller par dix gardes armés !Voyant la tournure que prennent les événements, Idir lui dit : – Il existe une justice dans ce pays, je veux être jugé par l’Ag’ellid régnant dans cette contrée !- Le seul juge ici, c’est moi, lui répond le marchand. L’Ag’ellid n’a pas de temps à perdre avec des esclaves comme toi !Les marins qui l’ont attrapé sont troublés, ils ne savent pas qui dit la vérité, d’autant plus que la peau de l’esclave est blanche, alors que d’habitude les esclaves sont des noirs. Pour s’éviter des ennuis, les marins jugent que ses propos sont sensés, contre le gré du marchand, Idir est conduit au palais.Au moment de rendre justice comme il le fait à l’accoutumée, l’Ag’ellid est étonné de découvrir son gendre enchaîné. Il ordonne aussitôt qu’il soit mis en liberté. Courroucé, il appelle le plaignant et lui dit :- Cet homme est mon beau-fils. Qu’as-tu à lui reprocher ?Le marchand tout tremblant, lui dit :- Majesté, je jure qu je ne savais pas qu’il était votre gendre, sinon je n’aurais pas porté plainte contre lui.- Mais que t’a-t-il fait ?- Il s’est enfui de chez moi, abusant de ma bonté. Son père que je connais, me l’a vendu comme esclave !- C’est bon, l’incident est clos. Envoie à son père un messager et dis-lui qu’il s’est enfui !Après l’avoir tiré de ce mauvais pas, l’Ag’ellid demande à IDir qui il est vraiment. Celui-ci répond :- Je suis fils de roi.- Mais un roi ne vend pas son fils comme esclave, c’est du jamais vu ça !- C’est vrai, mais mon père l’a fait !- S’il l’a fait, c’est qu’il a ses raisons !- Il a ses raisons et moi les miennes, c’est de là qu’est venu le différend.- Quel est ce différend ?- J’ai fait un rêve que je n’ai pas voulu lui raconter, il s’est offusqué devant mon refus et m’a vendu comme esclave, c’est pour cela que j’ai atterri ici !- Raconte-moi ce rêve, mon petit, je suis curieux de connaître son contenu !- J’ai refusé de le raconter à mon père, je ne peux le faire pour vous, Majesté. Je m’excuse, mais c’est ainsi !L’Ag’ellid insiste auprès de Idir mais sans résultat. Enervé à l’extrême, il lui dit menaçant :- Ou tu me racontes ton rêve, ou je te jette aux fourmis !Mais rien n’y fait ! Idir campe sur ses positions et l’Ag’ellid aussi. N’obtenant rien de lui, l’Ag’ellid ordonne à ses soldats de le ligoter et de le jeter en pâture aux fourmis. C’est ainsi qu’Idir se retrouve la proie des fourmis. Heureusement pour lui que la fourmilière est située à la frontière entre deux royaumes. L’Ag’ellid de l’autre pays possède une fille prénommée Thafath B-ayour (lumière de lune) et un fils prénommé Idir, mort dans une dramatique partie de chasse.Ne pouvant plus procréer, l’Ag’ellid devenu vieux inconsolable, accablé par le chagrin, a demandé à ses sujets de lui ramener au palais tout jeune homme portant le nom de Idir. Un jour, en longeant la frontière, des hommes trouvent un jeune homme dont le corps est envahi par des milliers de fourmis, il est sur le point de mourir. Constatant qu’il est ligoté, ils le libèrent et lui demandent son nom.- Je m’appelle Idir, leur dit-il, je viens d’un lointain pays. Je vous remercie de m’avoir délivré. Je vous serai reconnaissant toute la vie !Le nom de Idir remplit de joie les hommes qui l’ont trouvé. C’est ce nom que cherche l’Ag’ellid, c’est la providence qui l’a mis sur leur chemin. Heureux à l’idée d’être récompensé, ils l’emmenèrent au Palais. L’Ag’ellid le prend en aparté et lui demande s’il accepte d’être adopté.

Lounès Benrejdal(A suivre)

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