L’accès à l’information demeure encore et toujours une des principales préoccupations du correspondant local dans l’exercice quotidien de sa mission d’informer.
La corporation a beau essayé à chaque fois que l’occasion s’est présentée, d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la problématique de la rétention de l’information, mais très peu de progrès ont été constatés dans les faits ces dernières années. Car, le journaliste a toujours du mal à accéder aux sources d’info, à la documentation et n’y arrive souvent pas à vérifier telle ou telle information, faute d’interlocuteurs disponibles, habilités à communiquer.
Pourtant, à regarder de plus près, pratiquement chaque organisme public dispose d’un service de presse, plus communément appelé cellule d’information et de communication. Aussi, à l’ère des Tic, on a du mal à concevoir qu’une administration publique néglige à ce point le volet communication. Oui, en 2015, il existe encore des entités qui ne disposent pas de cellule de communication. Si être dépourvu d’un tel service névralgique et plus qu’indispensable de nos jours semble en déphasage total avec les réalités des sociétés modernes, en disposer, en revanche, et rester muet, cela dénote, purement et simplement, d’un laisser-aller manifeste.
À Bouira, certaines cellules de communication, et pas toutes, sont carrément à côté de la plaque. Si les unes se contentent d’un point de presse par an, organisé à l’occasion de la présentation du bilan annuel de tel ou tel secteur, les autres oublient souvent de convier la presse locale à des évènements parfois éminemment importants. La conférence de presse de l’ex-ministre, Hamid Temmar, tenue à l’université de Bouira, il y a quelques jours, en est un parfait exemple.
Il ne s’agit pas là d’un oubli, puisque des confrères ont été avisés de la tenue de la conférence mais d’un amateurisme flagrant. Car, dans le cadre de son travail et pour mener à bien sa mission, le chargé de communication est censé être en contact permanent avec la presse locale. En réalité beaucoup de cellules de communication ne remplissent pas convenablement les missions pour lesquelles elles ont été créées. En plus de leur inertie, elles manquent d’initiatives.
Choisissant dans bien des cas la solution de facilité des chargés de communication préfèrent «soumissionner» leur travail à la cellule d’information et de communication de la wilaya. Est-ce que c’est à cette dernière d’informer sur tel ou tel évènement qu’envisagerait d’organiser telle administration ou organisme public. En répercutant l’information parvenue à son niveau, la cellule d’information et de communication de la wilaya est-elle dans son rôle ? Même s’il est plus facile de dispatcher l’info via une cellule comme celle de la wilaya, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’organismes ont tout le loisir de contacter et d’en informer les correspondants surtout si l’on sait que certains medias disposent de bureaux équipés de téléphones, fax et messageries électroniques.
Un cas édifiant interpelle, celui de l’APW en l’occurrence. Cette assemblée élue et souveraine disposant d’importants moyens humains et matériels continue de communiquer via la cellule de communication de la wilaya. Récemment, à l’occasion de la tenue de la troisième session de l’APW, un fâcheux oubli de la part de la cellule de communication de la wilaya sur la tenue d’une plénière a privé notre journal de la couverture de cette activité à laquelle le bureau de Bouira accorde beaucoup d’intérêt et consacre beaucoup de papiers. Pourquoi alors l’APW de Bouira évite de traiter directement avec les bureaux régionaux de la presse écrite ? À chaque session de cette assemblée, des représentants de la presse cherchent tant bien que mal à se procurer une documentation qui ne leur est malheureusement jamais remise. L’actuel P/APW a été vivement interpellé sur le sujet mais en vain.
Côté administration, et malgré la disponibilité du wali à communiquer, certaines administrations n’arrivent toujours pas à suivre. Les directions de wilaya communiquent rarement et parfois refusent carrément de le faire. L’épisode de la brucellose qui a défrayé la chronique dans la wilaya de Bouira, tout l’été en est la preuve vivante. Cette maladie qui a pris l’allure d’une épidémie a mis à nu la communication officielle. Les correspondants locaux ont beau essayé de solliciter la DSA et la DSP pour plus d’informations au sujet de cette maladie mais c’était peine perdu.
À la DSA, l’intérimaire du directeur a carrément refusé de s’exprimer en l’absence de son directeur. Idem pour l’inspection vétérinaire. Au niveau de la DSP, la presse a eu du mal à confirmer certaines informations notamment le nombre de cas enregistrés. Il a fallu passer par des sources hospitalières et le concours de l’association des éleveurs de Taghzout pour informer l’opinion locale de l’évolution de l’épidémie. Ce n’est que deux moins plus tard que les services de la DSP daignent évoquer le sujet à travers un compte rendu qui s’apparente plus à un réquisitoire contre la presse.
Le communiqué en question n’a pas seulement remis en cause les chiffres communiqués par la presse et ira plus loin en remettant en cause les sources. Traiter une information communiquée par source médicale «d’info de rue» relève plus de la mauvaise foi qu’autre chose. Pis encore, il se trouve que même le bilan communiqué est contradictoire avec la réalité. C’était tout simplement de l’enfumage. Ceci étant dit, les services de la DSP finiront par «cracher le morceau» lors de la dernière session de l’APW consacrée au divers. Ce récit donne un aperçu sur les rapports qu’entretiennent certaines directions avec la presse locale. Cependant, tout n’est pas noir en termes de communication à Bouira.
Le travail d’un certain nombre de cellules de communication à l’image de la SDC et la sureté de wilaya est à saluer. Les services presse de ces deux entités ne ménagent aucun effort quand il s’agit de fournir un complément d’information. Ils sont les seuls services à avoir intégré les TIC dans leur stratégie de communication. Voilà deux exemples qui mériteraient d’être médités afin de hisser la collaboration medias-pouvoirs publics à niveau de professionnalisme irréprochable. En conclusion, la communication officielle doit être repensée et le fonctionnement de certaines cellules de communication revu pour permettre d’asseoir un partenariat dural et efficient entre les différents acteurs médiatiques au service du développement local.
D.M.