Les clients de l’agence de la banque de développement rural (BADR) d’Aïn El Hammam, ne cessent de se plaindre des difficultés qu’ils rencontrent, mensuellement, pour effectuer des retraits d’argent en devises. Dès que le virement des pensions par les caisses de retraites françaises est effectué des centaines de clients viennent d’une dizaine de communes relevant des daïras de l’ex-Michelet et d’Iferhounène et se ruent sur les guichets de la banque pour entrer en possession de leur argent.
Malheureusement, les liquidités en devises manquent souvent ces derniers temps, de l’avis de ceux que nous avons rencontrés sur les lieux mardi dernier. «Nous attendons avec impatience le virement de cette pension pour laquelle nous avons laissé nos forces outre mer. Mais pour en bénéficier, nous devons mettre à contribution le peu d’énergie qui nous reste», ironise un octogénaire. Ce sont plus d’une centaine de personnes qui attendaient devant l’organisme financier.
Pour y accéder, suivant l’ordre d’arrivée, il leur a fallu se lever très tôt. Afin d’éviter un éventuel désordre, ils viennent s’inscrire sur une liste établie par les clients et que chacun doit respecter. Ils étaient 170 ce matin-là. Mais les derniers ne se font guère d’illusion sachant qu’à chaque fois, les caisses sont vidées du peu d’argent dont elles disposent par les cent premiers clients. Quant aux autres, ils doivent revenir le jour suivant et s’y prendre très tôt. Ils peuvent, comme il est de coutume chez certains, «acheter une place que leur revendent certaines personnes qui font la chaîne durant la nuit», nous confie ce vieil homme qui avoue avoir recours à ce procédé quand il arrive en retard.
Comme de nombreux autres, il préfère payer deux cents dinars, et parfois plus, et éviter «les tracas des chaînes interminables et fatigantes». Plus près de ses sous, une vieille femme d’Iferhounène se fait inscrire, à chaque fois, par un proche parent qui habite la ville. Mais elle se dit désolée de «déranger des gens pour mon bien». Les lève-tôt sont nombreux. Ce sont particulièrement des habitants des régions éloignées de Aïn El Hammam.
Ceux-là louent les services des taxis pour être devant la BADR vers trois heures du matin, car «à partir de cinq heures, on risque de s’être déplacé pour rien», nous dit un jeune mandaté par son grand-père, alité depuis longtemps. «Je suis arrivé à cinq heures du matin et je suis classé à la 101ème place», dira-t-il. Cette crise aurait-elle un lien avec l’envolée de l’euro qui s’échange à plus de 170 dinars, ces derniers jours, sur le marché informel ? Personne ne le sait.
Il faut noter que la pression qui s’exerce sur la BADR de Aïn El Hammam est due au nombre important d’émigrés et de retraités de France qui en sont issus. Lorsqu’on sait que la BADR couvre à elle seule la population de plusieurs daïras, on ne devrait pas s’étonner qu’une telle situation se répète. Ses responsables devraient faire un effort pour approvisionner l’agence avec plus de liquidités, ne serait-ce que par respect à toutes ces vieilles qui passent une partie de la nuit sous la pluie et le froid pour «récupérer leur argent».
A.O.T.
