Le périple du wali à Chemini

Partager

La visite tant attendue du premier magistrat de la wilaya de Béjaïa, Ould Salah Zitouni, dans la daïra de Chmini a bel et bien eu lieu avant-hier, lundi 26 octobre 2015, après avoir été annoncée à moult reprises.

Le chef de l’exécutif n’a pas failli à ses habitudes en entamant sa visite de travail et d’inspection tôt le matin, à 7 h, dans la région d’Ath Waghlis, en l’occurrence la daïra de Chemini. Accompagné d’une forte délégation, le wali de Béjaïa veut faire bonne figure auprès d’une population accordant peu de crédits à une administration mal engagée dans cette localité. De l’avis de certaines personnes connues de la scène politique locale, cette visite vient à point nommé pour relancer certains projets de développement, resté en stand-by depuis belle lurette. C’est sous un temps brumeux, en sus, chargé de pluies glaciales que le «bombardier» a entamé sa visite dans la commune d’Akfadou. Le chef-lieu communal, Tiniri, est passé au peigne fin par le wali ayant inauguré la bibliothèque communale, mais qui attend toujours son équipement nécessaire à une réelle ouverture. Par ailleurs, cette structure dédiée à la lecture a fait déjà l’objet d’une inauguration «officieuse» lors du passage du célèbre chanteur Kabyle Idir en compagnie du directeur de la BRTV, M. Saadi, dans la région lors du festival de la montagne de l’Akfadou l’année dernière. Dans le souci d’enrichir le parc immobilier de la région, un projet des 80 logements, réparti en deux lots, est en cours de réalisation, dont le wali s’est enquis de son état d’avancement. La salle de sport enregistre un taux d’avancement appréciable, de surcroît, financé dans le cadre des PCD. Dans le cadre du désamiantage de l’ancien CEM, un nouvel établissement base 4 est en cours de réalisation, au grand bonheur des collégiens. En grosso modo, le premier magistrat de la wilaya a montré sa grande satisfaction quant aux efforts fournis par l’exécutif communal pour sortir leur localité de l’enclavement. La deuxième escale de cette forte délégation est la commune de Tibane, la moins peuplée de la daïra de Chemini, comptant 5 086 habitants. Le wali de Béjaïa s’est contenté d’une visite furtive au siège de l’APC et d’une halte au lieu-dit Djamaa Migour à Mezgoug, car un énorme éboulement a eu lieu l’année dernière, ce qui a fait que la route s’est complètement obstruée pendant plusieurs jours. Des travaux de consolidation du talus ont été engagés, mais qui semblent se pérenniser ! Le wali a exhorté le chef du projet d’accélérer la cadence afin de libérer la route dans les meilleurs délais. À quelques jets de pierre dudit lieu, Souk-Oufella est la troisième commune à recevoir le wali de Béjaïa. Le vieux marché communément appelé par la population locale, est l’une des APC les moins dotées en termes d’infrastructures de base, car le chef-lieu ressemble étrangement au décor de l’ère coloniale. Au cœur de Souk-Oufella, la fatalité se vit au quotidien comme une calamité de plus pour des habitants dont la patience n’a que trop duré. Une ribambelle de projets visant à améliorer le cadre de vie des villageois manquent à l’appel. «C’est le no man’s land des plus criards que vit notre commune. Les infrastructures de base sont inscrites aux calendes grecques. On n’a même pas une librairie digne de ce nom dans le chef-lieu communal», s’indigne un jeune universitaire. M. Zitouni a inspecté les deux projets lancés par l’équipe communale, en l’occurrence le nouveau siège de l’APC et le bloc de 20 logements. Toutefois, le premier projet a accusé un retard incommensurable, car les travaux ont été lancés en 2006 et à ce jour, le projet est à hauteur de 90 %. Enchaînant visite sur visite, le wali a inspecté le projet du foyer de jeunes, dont a bénéficié le village Iâbdounene, d’autant plus que ladite commune souffre d’un manque criant en infrastructures dédiées à la culture. C’est vers midi que le nouveau wali est arrivé à Chemini, chef-lieu de la daïra éponyme. Le premier contact du chef de l’exécutif de wilaya avec la population locale s’est fait devant le nouveau siège de l’APC, adjacent à la mairie, inauguré à cette occasion. Une marée humaine attendait impatiemment l’hôte d’Ath Waghlis qui s’est précipité pour lui livrer une kyrielle de lettres écrites. Les déboires de certaines personnes quant à la léthargie de l’administration locale, faisant la «sourde oreille» face à leurs doléances n’a pas laissé indifférent le wali de Béjaïa. Parmi les plaignants, de jeunes postulants pour l’acquisition d’un local commercial inscrit dans le cadre des 100 locaux par commune, lancé par le président Bouteflika, n’ont pas manqué d’attirer l’attention du premier magistrat de la wilaya quant à la distribution «inéquitable» desdits locaux. De même, l’épineux problème des logements sociaux ressurgit à chaque fois, en sus, des personnes se sentant lésées et délaissées par les autorités locales se sont plaintes auprès du wali. Le projet des 80 logements érigé à l’ex-marché hebdomadaire enregistre un énorme retard qui a irrité le wali qui n’a pas caché son mécontentement quant à la velléité qu’affichent les responsables du projet. Même son de cloche à la suite de l’inspection du nouveau lycée érigé à Tala Ali. «Les potaches sont carrément pris en otage par le sempiternel chantier dudit lycée», nous avoue un enseignant du lycée Ouddak Arab. Le wali n’est pas allé par le dos de la cuillère pour fustiger l’entrepreneur chargé de la réalisation de cet établissement scolaire. La commune de Chemini a bénéficié de plusieurs projets inscrits dans le cadre des programmes de développement local, mais peu sont ceux qui ont vu le jour dans les délais impartis. Certains ont même été relégués aux calendes grecques. Les habitants du quartier menant vers Ighi n Iklane ont accueilli le wali par une banderole accrochée au milieu de la route où on peut lire «nous demandons le renforcement du réseau électrique de notre quartier». Dans le secteur sportif, le complexe sportif (CSP) sis à Ighil Waklane, plus exactement adjacent au stade communal, avance à pas de tortue. Quant au stade communal, le wali a insisté sur la nécessité de l’homologuer en stade olympique, et ce, une fois la fiche technique établie par les services de la mairie et remise aux autorités concernées. Au village Djenane, à quelques battements d’ailes du chef-lieu de commune, le wali a inspecté le chantier devant accueillir la future caserne des pompiers. La dernière escale du wali s’est faite au CFPA de Chemini, sis au lieu-dit «guer iverdane» pour une cérémonie de collation à l’honneur des invités de la daïra. Au demeurant, cette visite intervient dans un contexte peu favorable à l’administration locale, car moult lacunes béantes interpellent le simple quidam quant à l’état de déliquescence qui règne dans cette partie de la Kabylie. Le gaz de ville, l’eau potable, le réseau routier… sont autant de rêves que portent les Cheminois depuis la nuit des temps sans que cette administration daigne assoupir les affres d’une population désabusée. La procession de véhicules ayant accompagné le wali est loin de faire bonne impression auprès des villageois, d’autant plus que la récente montée au créneau des habitants locaux doit interpeller à plus d’un titre les élus locaux ainsi que l’administration locale quant à l’urgence de prendre en considération ces villages reculés au fin fond de la montagne de l’Akfadou. «Les travaux de rafistolage opérés par-ci par-là témoignent de la mauvaise foi de nos responsables locaux. Doit-on attendre la visite d’un officiel pour afficher un grand branle-bas de combat de marketing politique ? Les coups de pinceau et pièces de bitume cousues à la hâte n’échappent pas à la vigilance des villageois. Un bon élève n’attend pas les examens pour se préparer. C’est le travail de longue haleine et d’abnégation qui germe le fruit», avoue sans ambages, un membre d’un comité de village.

Bachir Djaider

Partager