Les enfants autistes ont-ils le droit d'aller à l'école ?

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Les enfants autistes de la wilaya de Béjaïa ont-ils le droit d’aller à l’école comme tous les autres enfants de leur âge ? Théoriquement oui, souligne avec instance M. SofianceYakouben, psychothérapeute et président de l’association d’un monde à l’autre d’aide aux enfants autistes de la wilaya de Béjaïa, dont le siège se situe sur la route de Targa Ouzemour. Il précise que des circulaires du ministère de l’Éducation nationale stipulent bien que les enfants autistes ont le droit d’être scolarisés comme tous les autres enfants mais sur le terrain, le problème est que chacun renvoie la balle à l’autre. Si pour les services de la direction de l’éducation, le problème ne se pose pas, il n’en est pas de même pour le directeur d’école primaire à qui vous vous adressez pour inscrire votre enfant autiste. Il vous dira qu’il n’est pas obligé de le prendre et s’il vous l’inscrit en vous faisant croire qu’il vous a rendu un grand service, attendez-vous à ce que l’instituteur qui devait le prendre dans sa classe vous chante aussi sa propre chanson, en vous disant qu’il ne peut pas prendre votre enfant dans sa classe parce qu’il perturberait le déroulement des leçons. Seule la DASS fait des efforts louables en intervenant auprès des responsables concernés et en mettant à la disposition de chaque enfant autiste un auxiliaire de vie scolaire (AVS), dont le rôle consiste essentiellement à accompagner l’enfant autiste de la grille d’entrée de l’école jusqu’à la porte de la classe et éventuellement de rester avec lui en classe dans le cas où cet enfant dérangerait les autres élèves. Mais là aussi, d’après des parents d’enfants autistes, un inspecteur d’une circonscription de Béjaïa se serait arrogé le droit d’interdire la présence des AVS à l’intérieur des écoles. L’autisme, selon définition donnée par l’association d’un monde à l’autre d’aide aux enfants autistes de la wilaya de Béjaïa, «est un trouble du fonctionnement résultant d’un dysfonctionnement neurologique qui affecte le fonctionnement du cerveau. Il concerne une naissance sur 150 et touche quatre fois les garçons que les filles. Ce n’est pas une maladie mentale, ce n’est pas une psychose et ce n’est pas un handicap figé. Il est possible d’en repousser les limites et d’en atténuer les symptômes. L’enfant atteint d’autisme, selon la fiche de présentation de l’association, est éducable, sociable et scolarisable.» Les parents d’enfants autistes à qui l’on a fait voir des vertes et des pas mures, se demandent s’il y a une hiérarchie dans cette wilaya dans le secteur de l’Éducation, puisque chaque responsable semble «n’en faire qu’à sa tête». Ils se posent aussi la question de savoir où est le droit constitutionnel de leurs enfants à la scolarisation ? Ils se demandent également si les responsables en charge de la scolarisation des enfants ont une idée de leur frustration et de leur désarroi de voir leurs enfants âgés de 6, 8 ou 10 ans rester à la maison pendant que les autres enfants, le cartable sur le dos, partent joyeusement à l’école pour s’y instruire et s’y épanouir ? Cette frustration et ce désarroi sont ressentis avec une acuité extrême par le père du jeune Ouali Adem, enfant de 8 ans, habitant à Ighil Ouazoug, à Béjaïa. Ouali Adem, parce qu’il est autiste, personne n’en veut dans son école. Où est donc sa part dans l’Algérie de ses ancêtres ? À qui va-t-il se plaindre ? A-t-il un pays de rechange ? Et le cas de Ouali Adem n’est malheureusement pas unique. Le président de l’association d’aide pour enfants autistes détient toute une liste de cas similaires. Les parents, qui ont tout sacrifié pour la prise en charge scolaire de leurs enfants, attendent avec beaucoup d’espoir une décision positive des services de la direction de l’éducation.

B. Mouhoub

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