Depuis la nuit des temps, Le village Ikhelouiène, situé dans la commune d’Aït Aissa Mimoun à une dizaine de kilomètres de la ville de Tizi-Ouzou, organise chaque automne, Timechret, un rite ancestral lié à la terre nourricière.
Considéré comme un moment convivial qui consolide les liens sociaux, une pierre angulaire de la société qui assure le rapprochement et une symbiose de la collectivité les villageois se sont donnés rendez-vous, le week-end passé au lieu habituel pour sacrifier 11 bœufs qu’ils ont partagés en 805 quotes-parts (tisghar), dans une ambiance bon enfant. «Nous avons 34 quintaux de viande partagés en parts égales, à savoir 805 parts. Les bœufs nous ont coûté 278 millions de centimes», nous dira le SG du comité du village. Timechret est aussi un rite de passage, parmi d’autres, dans le sens où les petits enfants seront présentés à la communauté pour y faire connaissance de leur intégration. Cette année, ils sont 55 enfants inscrits à Ikhelouiène et chacun avait le droit à un os comme le veut la tradition (Il deviendra dur comme un os). Dans les rites de passage chez les Kabyles, quand l’enfant commence à marcher, il sera accompagné par son père à ce rituel et on lui offre un os. Le deuxième passage, c’est le passage de l’enfance à l’adolescence. Cette-fois, il se rendra au marché avec son père, il sera présenté aux amis de ce dernier et en revenant, il amènera une tête d’un bovin (Aqerru). On dit qu’il sera, dorénavant, responsable. Le troisième passage consiste à intégrer l’assemblée générale du village à l’âge de 18 ans : à ce moment-là il sera membre à part entière de la communauté. Pour les objectif assignés à cette cérémonie d’Ikhelouiène, le SG général citera, entre autres : «Avant tout, c’est une occasion de se rencontrer entre villageois, ils viennent de partout. Ensuite, c’est un moment de solidarité où tous les nécessiteux du village seront pris en charge gracieusement. Une tradition qui commence à disparaitre de nos villages. À cela s’ajoute l’esprit de fête qui anime cette cérémonie. Enfin, c’est un rituel qui accueille les premières pluies». Dans quelques villages de Kabylie, toutes les filles mariées, où qu’elles se trouvent, seront conviées à prendre part à cette tradition. Les Kabyles sont tellement attachés à la terre qu’ils célèbrent plusieurs fêtes agraires dont les plus connues sont : la fête du jour de l’an, la fête de la fécondité et du renouvellement, la fête de la rencontre du printemps et du renouveau, la fête de la fécondité de la terre et de la fortification du bétail, des rites d’aspersion, d’ablution et de baignades, etc.
Hocine.M