La campagne oléicole s’approche à grands pas! Dans quelques semaines seulement, les champs d’oliviers renoueront avec l’ambiance de la cueillette des olives, laquelle s’annonce très bonne, d’après ce que nous avons constaté dans la région. Pour le cas de la commune de Chorfa, à une cinquantaine de kilomètres à l’Est de la wilaya de Bouira, les propriétaires d’oliveraies auront, indubitablement, du pain sur la planche, car les oliviers, plusieurs fois centenaires, ploient vraiment sous le poids d’olives charnues et gorgées d’huile! Grand bien leur fasse! Cette année, il leur sera difficile de venir à bout des récoltes abondantes, d’autant plus que la main-d’œuvre manque terriblement dans ces contrées. En effet, d’ores et déjà des ménages sont à la recherche d’éventuels métayers (Iâmmalen) pour la location de leurs oliveraies. La recherche est laborieuse, du moment que les « cueilleurs » sont devenus une perle rare dans la région, à cause de la déchéance qui frappe la filière oléicole depuis ces dernières années. Les oliviers, une manne considérable et un gagne-pain indiscutable des aïeux, sont devenus ces derniers temps comme des végétaux plutôt « dérangeants », qui se trouvent déracinés à tout bout de champs pour les différents besoins (construction, location de terrains,…). Cet arbre vénéré autrefois est devenu méprisé surtout par les nouvelles générations, qui rechignent l’idée même de récolter les olives! Il y a aussi le boulot pour ces pères de familles qui ne peuvent pas cueillir et travailler au même temps. Les enfants, du moins ceux qui « aiment » la cueillette des olives, sont tous à l’école. « Qui va récolter les olives alors? », se demande-t-on chez la plupart des ménages. Vite, il faut faire appel aux métayers, ces derniers on se les arrache, car ils sont de plus en plus rares. Futés tels qu’ils sont, de tierces personnes n’attendent que la campagne oléicole pour proposer leurs services en négociant une bonne partie des récoltes. Comme la région semble tourner le dos à l’agriculture, et que la main-d’œuvre agricole est rare, l’on fait appel à des métayers venus des wilayas limitrophes, telles que M’sila et Bordj Bou Arréridj. Le changement du mode de vie en Kabylie a induit beaucoup de conséquences néfastes, telles que le délaissement des terres agricoles et des cultures. Dans la majorité des oliveraies, les oliviers ne sont plus entretenus comme avant, ils poussent dans tous les sens sans élagage, ni taille. Et ce n’est qu’à l’approche de la campagne de cueillette des olives que les propriétaires daignent se rappeler de ces pauvres oliviers laissés en proie aux incendies et à la dégradation des hommes. C’est malheureux!
Y. Samir

