Immersion dans la vie d’un CEM

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Ayant ouvert ses portes durant l’année 1987, le CEM Benmessaoud-Rabia du village Tabouda, commune d’At Mlikèche n’a jamais connu de stabilité, due essentiellement au changement des chefs d’établissement à chaque rentrée scolaire, mutés ailleurs en fin d’année. Pour cette année, la rentrée scolaire a eu lieu avec presque deux mois de retard suite aux actions de grève et de protestation réclamant l’affectation d’un directeur, le débrayage a fini par un dénouement de la situation, après qu’un professeur de français du lycée Boudiaf a fini par obtenir l’avis favorable du directeur de l’éducation de Béjaïa qui l’a installé en tant que nouveau chef d’établissement. Dès sa prise de fonction, ce dernier après avoir sué des journées et même de nuits entières a fini par mettre de l’ordre dans l’établissement par l’instauration d’une discipline et a réussi à réunir, ne serait-ce qu’un minimum de conditions de travail, vu l’état dans lequel se trouvait le CEM à son arrivée.Avec un effectif de 419 élèves pour 13 divisions, l’établissement vit au rythme des insuffisances de diverses natures qui continuent d’être un obstacle pour un bon fonctionnement et une maîtrise de la situation. Lors de notre passage au CEM Benmessaoud-Rabia, certains professeurs interrogés ont saisi cette occasion pour dénoncer “le manque flagrant de moyens pédagogiques, micro-ordinateurs” nous fera savoir Abdeli Meziane professeur d’arabe. L’établissement fonctionne sans la demi-pension, alors qu’une bonne partie des élèves viennent de localités éloignées telles que Thala Tighilt, Imravdhen, Tinesssouin,… L’eau potable, denrée vitale n’est servie que durant 1/2 heures par jour ce qui fait que l’alimentation de l’établissement se fait par citerne par les services de l’APC. Pour les activités sportives, l’espace qui devait abriter cette activité est inexistant et c’est la cour en béton qui sert désormais de terrain avec tous les dangers que les élèves encourent. A ce propos justement,des élèves sont privés des activités sportives en raison du manque de professeurs de sport. Un déficit en personnel nous a été aussi signalé puisque l’établissement ne dispose pas d’un économe, mais seulement d’un attaché qui a à sa charge cinq écoles primaires. Depuis le décès du veilleur de nuit en 2004, aucune affectation n’a été enregistrée à ce poste. Le problème de l’éloignement des professeurs a causé le renvoi des élèves à plusieurs reprises, surtout en hiver avec toutes ces routes coupées, ou grèves répétées des transporteurs. D’ailleurs sur les 23 professeurs affectés au CEM Benmessaoud-Rabia, 17 d’entre-eux habitent à plus de 15 kilomètres, dont 11 dames. Ces dernières de leur côté ont tenu à dénoncer les conditions de travail, puisqu’elles se sont toujours contentées d’un repas froid par ces périodes hivernales. Par ailleurs, elles ont évoqué entre autres la non-régularisation des salaires, la non-perception du rappel des échelons qui datent de deux années au moins, ainsi que l’arrivée tardive du courrier et le manque de livres scolaires pour les élèves, ainsi que les prix qui ne sont pas à la portée de certains d’entre-eux en raison de leur situation sociale des plus critiques. Côté infrastructure, le soit-disant bloc administratif n’est qu’un couloir avec une séparation qui fait office de bureau d’un mètre carré, offrant ainsi l’image d’un poste de garde. D’autre part, les deux ateliers et les deux laboratoires se trouvent être dans une dégradation très avancée et ne répondent aucunement aux exigences de travail.Du côté du personnel enseignant, celui-ci ne se limite pas à sa propre tâche, puisque des professeurs sont à l’origine des actions de bienfaisance, par la distribution de vêtements neufs aux élèves démunis. Toujours dans cet élan de solidarité, l’établissement a bénéficié d’un don de Candia de 1440 bouteilles de jus. Cela en plus des récompenses du chef d’établissement aux 133 élèves dont la moyenne dépasse les 12,50.La nomination du nouveau chef d’établissement a été bien accueillie, même du côté des élèves qui se sont réjouis et c’est le cas de la jeune Barache Zahra, élève de la classe 9e AF qui ne cache pas sa satisfaction en nous disant que “c’est la première fois que notre établissement a un directeur présent à tout moment et à notre écoute aussi”. Le même avis est partagé par une autre élève de 1er AM, Bedjil Farida qui a obtenu la meilleure moyenne 18,46. Pour alléger un tant soit peu la souffrance de quelques élèves et professeurs, le chef d’établissement et d’un commun accord avec le directeur de l’école primaire ont pris en charge, 37 élèves et 10 enseignants lesquels bénéficieront de la cantine au sein de cette dernière en leur épargnant ainsi la corvée supplémentaire des allers et retours des plus pénibles. Avec le travail formidable réalisé par M. Chemini Kamel conseiller pédagogiques au sein du CEM, ainsi que par son staff, que le directeur remercie au passage, “les résultats viendront d’eux-même”, nous fera-t-il savoir avant de féliciter “tout le personnel enseignant pour sa ponctualité, ses compétences et sa disponibilité”, conclut-il. Sa réaction est la même envers ceux affectés dans le cadre du filet social mais qui font un travail de titulaires.A signaler enfin que la chaudière qui était en panne l’année scolaire précédente et qui avait soulevé la colère des élèves et enseignants a fini par être opérationnelle cette année, il a suffi d’un peu de bonne volonté pour remédier à la situation. Au CEM Benmessaoud-Rabia, les résultats n’ont jamais manqué et il a eu à se classer premier à l’échelle de wilaya et daïra, la récompense promise pour cette prouesse et qui se résumait en un lot de livres tarde à venir et ce depuis 2003.Avec un taux d’absence de 0,12 % pour ce premier trimestre, ceci prouve la bonne volonté de tout un chacun de voir leurs sacrifices récompensés en fin d’année, non pas par des médailles mais uniquement par un minimum de moyens afin d’assurer une scolarité digne du nom à tous ces élèves à l’avenir prometteur.

Achiou Lahlou

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