Quand les stades viennent à manquer !

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Au regard des autres wilayas du pays, celle de Béjaïa, dont la superficie est de 3 261 km² pour une population estimée à 1 millions d’habitants, souffre d'un manque criant en termes d’infrastructures sportives.

En effet, plusieurs communes de la wilaya ne sont pas dotées de stade. Beaucoup ignorent certainement que seules trois communes (Béjaïa, Amizour et Akbou) sur les cinquante deux (52) que compte la wilaya, abritent à nos jours des stades répondant aux normes. Combien de clubs devenus par la force des choses SDF, car leurs stades ne sont pas homologués et non conformes aux règlements généraux de la fédération algérienne de football. La majorité des formations demeurent privées de ces infrastructures nécessaires et quand un stade existe, il est dans un état déplorable et avec l’absence d’entretien et d’aménagement dans de nombreuses localités, les terrains se trouvent dans un état de détérioration (grillages, portes, bois, vestiaires …) avancée. La grande majorité des jeunes des quatre coins de la wilaya rêve de pouvoir trouver une infrastructure où pouvoir exercer une activité physique, ne serait-ce que pour évacuer leur trop plein d’énergie. Toutes les formations demeurent privées de ces infrastructures nécessaires. Les stades de Kherrata, Sidi-Aïch et Seddouk remontent à l’ère coloniale. D’ailleurs, des clubs, comme la JS Tichy, sont devenus des SDF, en évoluant hors de leurs bases durant deux saisons. À Bougie ville, depuis fort longtemps, l’inconsistance des infrastructures sportives ne prête plus à se réjouir. En effet, les deux stades (UMA et Benallouche) restent insuffisants. Si le premier est réservé uniquement au MOB et la JSMB, le deuxième est malheureusement saturé ce qui fait que les onze clubs en plus de leurs petites catégories sont confrontés à cet épineux problème et ont du mal à trouver même un créneau d’entraînement. Le stade de Nacéria qui pouvait quelque peu pallier sur l’utilisation du stade Benallouache, est toujours en plein travaux avec la pose du gazon synthétique et d’une piste d’athlétisme et tarde à ouvrir ses portes. Pour preuve, faute d’infrastructures devant les accueillir, la ligue de Bejaïa qui gère deux devisions aves 27 clubs seniors et des petites catégories en plus des quatre équipes féminines de la ville, est confrontée chaque week-end pour la programmation des rencontres. Pour cela, il faut remercier le travail gigantesque qu’accomplit la commission de programmation sportive (COS) qui bute chaque semaine sur le problème de domiciliation des rencontres. Fort heureusement, on enregistre le projet de réalisation d’un futur stade olympique doté d’une capacité de 35 000 places, le projet sera édifié dans la commune d’Oued Ghir, dit-on. Une réalité confirmée par Boualem, un technicien en sport. Ce dernier reconnaît «la nécessité de construire et équiper des salles de sport et stades afin de sauver, de la dérive, les jeunes de la région et leur permettre de réaliser des résultats qui honoreraient leur ville et leur pays». «C’est à ce sujet que des amoureux du football, et autres disciplines sportives lancent un cri d’alarme pour que des infrastructures sportives soient construites ou réhabilitées et qu’elles soient mises à la disposition des talents qui s’évaporent dans la nature», ajoute un élu local. Lors de la rencontre OSEK-USMB qui s’est déroulée à El Kseur l’année dernière, le délégué du match, monsieur Yahioui, ancien arbitre, nous a fait une remarque en nous disant «comment se fait-il que ce stade n’et pas doté d’une tribune ?», avant d’ajouter «nous, à Constantine, il n’y a pas un seul stade de la wilaya qui n’est pas doté de pelouse synthétique de tribunes» . Not comment !

Durant ces dernières années, la wilaya de Béjaïa a bénéficié de projets pour le revêtement en gazon synthétique de dernière génération. Six terrains seulement gazonnés en tartan ont été réalisés, à savoir celui de Benalouache, Amizour, Aokas, Timezrit, El Kseur et Aouzelaguen, et en voie d’achèvement celui de Kherrata et le stade scolaire (Nacéria), alors que l’OPOD d’Akbou est fermé cette saison, pour la pose d’une nouvelle pelouse. En attendant, d’autres localités souhaitent voir leurs terrains dotés de pelouse synthétique. À titre d’exemple, ceux des anciens clubs de Sidi-Aïch, Seddouk, Tazmalt et beaucoup d’autres.

16 clubs ont mis la clé sous le paillasson

Selon l’un des présidents des clubs évoluant en pré-honneur, comme pour tous les concernés de cette situation, le sport ne bénéficie d’aucun intérêt de la part des pouvoirs publics. Mais pour cela, il faut une politique sérieuse, assise sur une volonté réelle de promouvoir le sport. «Ce que nous n’avons pas chez nous», déplore-t-il. Et dire que certains clubs s’investissent alors dans la formation, en engageant uniquement les petites catégories, réussissant des résultats plus qu’honorables mais sans jamais aller au-delà des juniors. Le manque de motivation, conjugué en l’absence de moyens infrastructurels, a fini par les démobiliser, malgré la volonté de leur encadrement technique et administratif. Sans fonds ni terrain, certains finissaient par disparaître, à l’exemple des équipes Adekar, Feraoun, Semaoun, Kendira, Beni Maouche, Chemini, Darguinah, Aït Smail, Ighil Ali, Amalou, Bouhamza, El flaye, Tinebdar, Beni Melikeche, Boudjelil, Tala hamza Akhnak. Une question se pose, a-t-on procédé à une évaluation.

37 clubs seulement engagés pour 52 communes

En effet, sur les 52 communes, 36 équipes seulement (dont 13 du chef-lieu de wilaya), sont engagées avec toutes les catégories dans différentes ligues, qui sont reparties comme suit : MOB (Ligue 1 Mobilis), JSMB (ligue 2 Mobilis), USO Amizour (DNA) JS Tichy, JS Akbou ( régionale 1) USM Béjaïa, Gouraya, CRB Kherrata, ES Timezrit, Olymbique d’Akbou (régionale 2), AS Taassast, SRB Tazmalt, JS Ighil Ouazzoug, ARB Barbacha, JS Béjaïa, CR Mellala, CRB Aokas, CRB Souk El Tenine, OS El Kseur, NC Béjaïa, CR Amaârat Barbacha, US Soummam, RC Seddouk, CS Protection Civile, SS Sidi-Aïch, GC Béjaïa (Honneur). En division Pré-Honneur, seulement 11 équipes sont engagées. Il s’agit de : JSC Awzellaguen, JSB Amizour, AS Oued Ghir, BC El Kseur, O Melbou, JS Tamridjt, US Aourir J’dida, WA Felden, CRB Aït R’zine, OC Akfadou et le NB Tasriout. Si on jette un regard sur l’ensemble des municipalités de la wilaya, 32 communes sur les 52 n’ont pas de club engagé en championnat, et ce, par faute d’un stade et de moyens, à l’exemple des communes d’Adekar, Taourit Ighil, Beni Ksila, Chellata, Tamokra, Ighram, Beni Djellil, Feraoun, Semaoun, Tizi N’Berber, Kendira, Beni Maouche, Chemini, Tibane, Souk Oufella, Darguinah, Ait Smail, Fenaia-Il Maten, Toudja, Ighil Ali, Draa El Gaid, Amalou, M’cisna, Bouhamza, El flaye, Tifra, Tinebdar, Sidi-Ayad, Beni Melikeche, Boudjelil, Boukhlifa et Tala Hamza. Les jeunes sont bien sûr pénalisés par cette situation et se retrouvent confrontés aux aléas accompagnant inévitablement l’oisiveté. À cet effet, les communes qui restent en marge du progrès, devraient penser sérieusement à envisager la réalisation de ces infrastructures d’utilité publique afin de permettre à leurs jeunes de s’épanouir et d’en profiter. Les jeunes qui exploitent le moindre espace pour taper dans un ballon, ne perdent néanmoins pas espoir et attendent un geste courageux de la part des responsables de la wilaya, si ce n’est de leur APC. «On ne peut espérer des résultats probants lorsque, dans nos communes notamment les plus reculées, on n’a même pas de stade», explique un technicien en sport. Selon le président de la ligue, «le manque d’infrastructures empêche de relancer la compétition de coupe de la wilaya chez les seniors, car leur nombre est très réduit à travers la wilaya. D’ailleurs, même pour le championnat, certains clubs sont contraints, durant toute la saison, d’évoluer hors de leurs bases, notamment pour les clubs issus du chef-lieu de la wilaya». À la lumière de toutes ces constatations, peut-on dire vraiment que Béjaïa possède une infrastructure sportive ? Ce sont là les mêmes interrogations de la plupart des sportifs de la wilaya. Si globalement l’infrastructure sportive à l’échelle de la wilaya est estimée insuffisante, elle le devient encore plus au chef-lieu, faute de terrain en gazon naturel ou artificiel et de tribunes. Dans le cas où ces clubs pourraient accéder un jour en division supérieure, où seront-ils alors domiciliés ?

Samy H.

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