«Dessine-moi un terroriste !»

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Partis à Baghdad voir de près à quoi ressemblent les chefs de la secte des assassins, Dezdeg et ses amis se retrouvent dans une autre dimension, quelque part dans le Golf persique. Le soleil est au zénith. Da Militant scrute l’horizon. Pas âme qui vive à portée des yeux. Alors que Kaci l’angoisse s’apprêtait à réintroduire de nouvelles données dans la machine, une voix d’enfant l’interrompt :

– Bonjour ! Où est votre avion ? Vous n’en avez pas ?

– D’où sors-tu ? Qui es-tu ?

– Je viens d’une toute petite planète. Je suis l’ami du mouton, de la fleur… et, surtout, d’Antoine, Antoine de Saint-Exupéry, vous connaissez ?

– L’aviateur ! Tu es le petit prince. Je connais ton histoire. Mais que diable es-tu revenu faire dans ce désert ?

– Tu t’appelles comment ?

– Kaci. Lui, c’est Da Rezki Dezdeg, l’autre Da Militant et Elle Na Sadiya.

– Ils sont drôles vos noms. J’aime bien. Dis, tu sais dessiner ?

– Un peu !

– Alors, dessine-moi un terroriste !

– Quoi !? Désolé je m’occupe, moi, de choses sérieuses

– C’est ce que m’avait dit un jour Antoine. Tu sais, je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée, il répète comme toi : « Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! » Et ça le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon !

– Dis petit prince, pourquoi veux-tu que l’on te dessine un terroriste ? l’interroge Sadiya n l’Euro.

Le petit agellid aux cheveux dorés lui explique qu’il avait besoin de ce dessin pour l’emmener chez lui dans sa planète et l’enfermer dans une petite boite. Il l’assure que, ce faisant, il protégerait les terriens de ce monstre.

– Vous savez, mon ami Antoine avait dessiné une armure à ma fleur. Depuis, les fleurs ne courent plus aucun danger.

– Mais les terroristes y en a tellement. Tu ne peux pas tous les enfermer dans ta petite boite.

– Oui, mais ils se ressemblent tous. Ils ont tous le même visage, celui de la haine.

– Pourquoi veux-tu nous aider ?

– Parce que je suis enfant du Kenya, enfant de Paris, enfant du Liban, enfant de Syrie… Et je ne suis pas comme ce monsieur très sérieux gonflé d’orgueil qui ressemble à un chamapignon. Les messieurs de votre planète, vos chefs surtout, ressemblent à ces champignons engraissés qui trouvent plus important leurs calculs que de débarrasser les fleurs d’épines et de mettre les muselières aux moutons pour qu’ils ne les mangent pas.

T.O.A

[email protected]

P. S : «… La nuit était tombée. J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais : « La fleur que tu aimes n’est pas en danger… Je lui dessinerai une muselière, à ton mouton… Je te dessinerai une armure pour ta fleur… Je… » Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux, le pays des larmes.»

Le Petit Prince de Saint-Exupéry

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