Nna Messaad Drici, la doyenne du Aarch de M’Chedallah, vient de rendre son dernier souffle ce mercredi à l’âge de 108 ans. Native du village Ath Ali Outhemim, de la commune de Saharidj, elle a vécu veuve après que son époux le martyr Drici Arab Ou Slimane tombe au champ d’honneur lors d’une mission que lui confia l’ALN en 1956, celle d’abattre un officier militaire Français qui malmène les citoyens au barrage de contrôle permanent dressé à l’entrée Sud de la ville de M’Chedallah devant l’hôpital. Une mission qu’il exécuta en tuant ce tortionnaire avant d’être lui-même tué par d’autres militaires se trouvant sur les lieux. Notre doyenne s’est donc occupée de ses quatre enfants, trois filles et un garçon, dans son village natal tout en continuant à tenir le refuge des maquisards « akham moh ouali oudris » qui est sa propre maison, ce qui lui coûta d’être arrêtée et torturée à plusieurs reprises, selon ses proches, cela jusqu’au jour où ce village fut rasé par l’armée coloniale et les habitants évacués vers le centre de concentration d’Ighrem en 1958. Nna Messaad, affichée comme activiste au service de l’ALN par les services de renseignements français, fut placée dans un taudis devant le mirador face à la guérite de surveillance avec interdiction de quitter les lieux. Une sorte de garde a vue à laquelle elle a été soumise jusqu’à l’indépendance. Nna Messaad continua à élever ses enfants jusqu’à leur maturité et termina ses jours parmi ses petits arrières-petits-fils qui la choyaient dans sa nouvelle résidence à El Adjiba. Hospitalisée pendant une semaine à l’EPH de M’Chedallah et sentant sa fin proche, elle exigea de rentrer chez elle pour mourir parmi les siens. Elle rendit l’âme 24h après son retour à la maison. La nouvelle de son décès a drainé une immense foule à son domicile, elle a été enterrée, avant-hier jeudi, au cimetière familial à Ighrem, en présence de tous les villageois et de ses proches qui l’ont accompagnée à sa dernière demeure.
O. S.