La balance commerciale de l’Algérie pour les 09 premiers mois de l’année en cours a enregistré un déficit de plus de 10 milliards de dollars. Ceci est dû,; dans une grande proportion, à la chute des prix des hydrocarbures qui s’est traduite par la diminution des recettes des exportations de plus de la moitié par rapport à 2014, d’une part, et du fait des importations qui se sont presque stagnées, de l’autre. En somme, ces statistiques nous ont été données lors de la journée portes ouvertes sur les exportations, organisée dernièrement à Tizi-Ouzou par l’association Espace de promotion des investissements (EPI), en collaboration avec l’APW de la même wilaya. Dans ce sillage, les exportations de l’Algérie hors hydrocarbures, pour les 09 premiers mois de l’année en cours, s’élèvent à 01 milliard 570 millions de dollars, contre 02 milliards 582 millions de dollars pour 2014. Pour les exportations hydrocarbures au cours de la même période, elles sont de l’ordre de 27 milliards 290 millions de dollars, contre 60 milliards 304 millions de dollars en 2014. De ce constat, les recettes des hydrocarbures du pays ont enregistré une baisse de plus de 50%, ce qui touchera de plein fouet la capacité du budget de l’État à assurer les équilibres budgétaires et à financer la croissance économique du pays.
Pour les principaux produits hors hydrocarbures exportés par l’Algérie durant les 09 premiers mois de l’année en cours, selon toujours les mêmes statistiques, sont, entre autres, les solvants naphta, l’ammoniac, le sucre, le hélium, le phosphate, les dattes et les engrais. En effet, durant cette période, l’Algérie a exporté 486 millions de dollars des solvants naphta, 410,8 millions de dollars d’ammoniac, 127 millions de dollars de sucre, près de 69 millions de dollars de phosphate, 26,7 millions de dollars de dattes et 245,7 millions de dollars d’engrais. De ces statistiques, nous constatons que la contribution des exportations hors hydrocarbures pour le budget de l’État dépasse légèrement 01%, tandis que la contribution de celles-ci dans le PIB est de moins de 01%. Concernant les principaux exportateurs de ces produits, ils sont, en l’occurrence, Sonatrach (solvants), Fertial (ammoniac), Cévital (sucre graisses et huiles végétales), Somiphos (phosphates) et Helios (hélium).
Cette réalité renseigne sur la fragilité de l’économie nationale qui est dépendante totalement des recettes et de la fiscalité pétrolière. Pour les experts, l’Algérie a raté une chance historique pour diversifier son économie durant ces 15 dernières années, au moment où l’embellie financière était à son apogée. Une embellie qui aurait pu financer l’industrialisation du pays et la dynamisation des secteurs de l’agriculture et du tourisme. De ce fait, il ne lui reste qu’une marge de manœuvre de 03 à 04 années pour le faire, avant que les cagnottes financières engrenées ces dernières années et épargnées dans le fonds de régulation des recettes (FRR) et dans celui des réserves de changes, ne s’évaporent. De surcroît, tout en sachant que les recettes du FRR ont baissé en 2015, à moins de 30 milliards de dollars, tandis que celles des resérves de changes le sont à près de 120 milliards de dollars. À ce rythme, ces recettes vont s’épuiser dans moins de 03 années. Dans ce sillage, diversifier l’économie nationale s’avère une mission des plus difficiles, selon les acteurs économiques, ceci en argumentant que l’Algérie ne peut faire dans les conditions actuelles et en laps de temps cours ce qu’elle n’avait pas fait dans des conditions largement favorables. Également comme constat, l’Algérie enregistre depuis 2014, des déficits dans le budget de l’État, dans la balance commerciale ainsi que dans la balance des paiements. Et ces déficits vont perdurer tant que la chute du prix du baril du pétrole est structurelle d’une part, et de la non substitution aux importations, de l’autre part.
Par ailleurs, les différents intervenants, lors de cette journée dédiée à l’exportation locale organisée à Tizi-Ouzou, ont préconisé de faciliter aux opérateurs économiques locaux ainsi qu’aux artisans l’acte d’exporter, de commercialiser et d’écouler leurs productions, que ce soit en dehors de la wilaya de Tizi-Ouzou ou vers l’extérieur. C’est-à-dire, pour ces experts, c’est l’encouragement de la production et de l’exportation locales qui, à terme, peut sauver le pays d’une véritable crise économique qui s’annonce, et dont les répercussions pourraient s’avérer néfastes pour la sécurité nationale. Le pays a les moyens de valoriser et d’optimiser les petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que les petites et moyennes industries pour contourner le choc qui s’annonce.
Rachid B.
