Les cimetières chrétiens sont, le moins que l’on puisse dire, dans un état de dégradation inacceptable. Depuis que la plupart des chrétiens de la région sont partis, les tombes, jadis propres et fleuries à longueur d’année, connaissent un autre sort. Personne ne daigne s’en occuper. Le cimetière de Baqalem, à quelques kilomètres du chef-lieu d’Aïn El Hammam, où reposent de nombreux chrétiens, décédés durant et même après la colonisation, ne paie pas de mine. La plupart des tombes sont détruites et recouvertes de crottes de chèvres qui y paissent, sans que personne ne crie au scandale. Des détritus et des gravats jetés là par des riverains, peu soucieux du respect qu’ils doivent aux morts, jonchent les abords des tombes méconnaissables mais dont on devine les contours. Les quelques chrétiens qui demeurent dans la région, n’osant pas afficher leur religion, font semblant de ne rien voir. Quand bien même ils voudraient intervenir, ils ne savent ni à qui se plaindre ni de quelle façon. Minoritaires, ils ne peuvent prendre l’exemple des musulmans qui organisent, parfois, des volontariats pour débarrasser leurs tombes des herbes folles et des ordures qui les entourent. Un autre cimetière chrétien, très peu connu même des habitants de la région, se trouve à quelques centaines de mètres de l’hôpital d’Aïn El Hammam qui en était propriétaire du temps des sœurs blanches. Son nom «thimeqvarth ouroumi» est associé au virage mitoyen mais pas au cimetière dont on n’aperçoit que des ronces, des arbres et autres buissons. Contigu au bâtiment dit «les hongrois», en souvenir de la mission hongroise qui y avait habité dans les années soixante-dix, personne n’a jamais pensé à le mettre en valeur et dégager les tombes disparues sous les arbres. C’est à cet endroit, aujourd’hui oublié de tous, que plusieurs chrétiens et même des sœurs blanches, décédées alors qu’elles dirigeaient la structure hospitalière, ont été inhumés, durant la colonisation. Quelques musulmans, morts à l’hôpital et dont les familles n’ont pas réclamé les corps, y ont été enterrés, également. Peu de gens connaissent l’existence de ce cimetière qui borde la RN15 mais qui doit être nettoyé et mis en valeur par respect à ceux qui y sont enterrés. Il y a quelques jours, cependant, un habitant de Baqalem nous apprend qu’un citoyen du village de Ouaghzen a pris sur lui de construire un mur d’enceinte, dont les travaux vont débuter incessamment. Une louable initiative qui, nous espérons, sera suivie d’un déblayage en règle des gravats et des détritus amoncelés çà et là défigurant ce lieu de pèlerinage.
A.O.T.