Le sanglier maître de la forêt !

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Les hordes de sangliers qui ne cessent de proliféré ont fini par prendre les contours d'un véritable fléau qui prend de l'ampleur au fil du temps.

En effet, depuis l’avènement du terrorisme et de l’insécurité à l’origine du brusque arrêt des traditionnelles battues, la reproduction des sangliers se multiplie d’une façon alarmante, causant des dégâts incommensurables sur les récoltes, au point où nombreux sont les agriculteurs qui ont mis la clé sous le paillasson et ont abandonné leurs activités de semences et plantations qui sont systématiquement détruites par ces hordes voraces aussi ravageuses que les essaims de sauterelles. En dehors de l’homme qui arrive à réduire le nombre de ces bêtes en les chassant, rien ne peut freiner leur fulgurante reproduction qui se résume par deux portées par année et par femelle à raison de 15 marcassins par portée, soit un total de 30 en 12 mois. La chasse ayant été interdite pour des raisons sécuritaires depuis plus de 20 ans, ajoutée au retour des saisons humides à pluviométrie suffisante, ont favorisé la survie et l’expansion de la faune dans toutes ses dimensions, tant végétale qu’animale. Le surpeuplement des forêts ajouté à la restriction des surfaces du tissu végétal par les innombrables incendies poussent ces bêtes à s’aventurer jusqu’aux alentours des villes et villages, détruisant tout sur leur passage, ce qui n’est pas sans danger pour les habitants, car les deux premiers mois qui suivent la mise à bas, la femelle devient excessivement agressive afin de protéger ses petits. Bien de citoyens ont été éventrés pour avoir essayé d’attraper un marcassin ou en s’aventurant seulement à proximité de la bauge de la femelle. En 2008, un citoyen d’Ath Ikhlef a été… sauvagement chargé par l’une de ces femelles et s’en est sorti avec des séquelles handicapantes à vie. Le mois de juin dernier, un autre citoyen du village Aggache, dans la commune de Saharidj, a été sauvé in extremis d’une mort certaine par les membres de sa famille qui ont réussi à éloigner un sanglier solitaire qui l’avait surpris et attaqué dans son verger et l’avait renversé pour le labourer copieusement de ses défenses, lui causant de nombreuses blessures profondes assez graves en diverses parties du corps. Arrivé à un certain âge (à partir de 15 ans), le mâle s’isole de la horde et devient ainsi “solitaire», bien connu des chasseurs qui le redoutent plus que la femelle, car le mâle est armé de deux canines proéminentes et acérées telles des poignards de chaque côté du groin, en plus de son exceptionnelle puissance physique sachant qu’il atteint facilement les 200 kg ; ceci ajouté à sa vitesse pouvant dépasser aisément les 60 km/h. Il charge sans hésitation dès qu’il est dérangé surtout en période d’accouplement. Le mâle, affolé fonce directement sur sa cible qu’il rate rarement et il n’y a que la balle tirée à bout pourtant en ciblant les points vitaux, tels la tête ou le cœur, qui peut l’arrêter et venir à bout de son épiderme aussi résistant qu’un pneu. Le sanglier n’a que deux prédateurs : l’hyène qui s’attaque même aux adultes et le chacal qui arrive à chaparder quelques petits marcassins en bas âge. Mais, la reproduction de ces herbivores dépasse de très loin celle des carnivores prédateurs, ceci en plus des maladies qui réduisent sensiblement ces deux races, telles que la rage, à l’inverse du sanglier qui résiste à toutes les maladies. Une moyenne de 30 kg de nourriture par nuit est indispensable à un sanglier adulte. Les champs et les jardins qui reçoivent la visite d’une horde habituellement composée de 15 à 25 bêtes, seront complètement détruits en une seule nuit. Ils ne se contentent pas seulement de se nourrir, dès qu’ils tombent sur un jardin récemment irrigué ils s’ébrouent aussi dans la boue pour se débarrasser des tics et autres parasites accrochés à leurs flancs, saccageant d’importantes surfaces de légumes ou céréales en prenant un bain de boue. Ils s’attaquent aussi aux arbres fruitiers en les secouant énergiquement pour faire tomber les fruits et brisent les branches basses. Son puissant groin terminé par deux larges narines par lesquelles il libère un souffle qui n’a rien à envier à celui d’un compresseur, lui permet de retourner la terre à la recherche de racines tendres, de vers blancs et d’asticots dont il raffole. La catastrophe pour un jardinier est le passage de ces bêtes sur ses terres, car tous ses efforts seront réduits à néant en une seule nuit. Le dernier recours des cultivateurs pour protéger leurs récoltes, est la pose de clôtures. Mais malheureusement, le prix du grillage galvanisé ou de fils de barbelé est hors de portée des petites bourses. En ramenant à un prix raisonnable le coût du grillage, l’Etat contribuera d’un côté à la baisse des prix des fruits et légumes et en même temps, élever le niveau de vie des petits agriculteurs. Certains fellahs ont recours à la pose de piège (collet) à base de câbles d’acier ; cependant, un sanglier prit dans ce genre de piège subira une mort lente qui peut durer plusieurs jours. Une atrocité insupportable que tout le monde réprouve. L’unique utilité qu’on reconnaît pour un sanglier et qui lui a valu le qualificatif de  » planteur » par les forestiers, est le fait qu’en retournant le sol, il recouvre les semences végétales éparpillées par le vent ce qui leur permet de germer. De plus, il est d’un apport considérable dans l’équilibre écologique et la chaîne alimentaire en servant de nourriture aux carnivores et charognards.

Oulaid Soualah

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