Le roman classique a toujours la cote

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Trois stands se partagent la faveur du public, depuis le 1er décembre, à la Maison de la culture où se déroule l’exposition-vente du livre, organisée par la maison d’édition de Constantine.

Il s’agit de ceux des livres de cuisine, des illustrés : jeux et contes pour enfants et de ce que l’on désigne par le concept vague de para scolaire : manuels traitant de la grammaire, de l’alphabet, dictionnaires, abécédaires etc. Les autres stands sollicitent un intérêt spécial : les visiteurs ont un goût éclectique ou exercent eux-mêmes une spécialité : ces sont les livres de droit, d’économie, d’Histoire, de sociologie et de psychologie, de médecine, de politique, de littérature et disons de métaphysique (philosophie, religion). Notre étonnement est grand ! On lit donc ? Le livre se vend encore ? Mieux, il captive, il fascine toujours ? L’internet n’en est pas venu à bout ? On respire toujours l’odeur de l’encre et du papier avec les mêmes délices, on caresse les pages soyeuses des ouvrages avec la même volupté ? Nous nous postons au coin du stand réservé aux classiques entre les stands «élus» et le reste et nous retenons notre souffle. Il y a des livres qui accrochent le regard par les titres comme Salommb&ocirc,; Madame Bovary, Le rouge et le noir, Lettres de mon moulin, Notre Dame de Paris, Frankenstein, Andromaque, Emile, Terre des hommes, Vol de nuit, Candide, Voyage au centre de la terre, Une vie et on en passe … Et puis, il y a les noms des auteurs. Certains sont connus du grand public comme Hugo, Racine, Molière, Voltaire, Rousseau, Rimbaud, Daudet, Maupassant, Flaubert, Balzac, Stendhal, Jules Vernes, Agatha Christie. D’autres n’éveillent la curiosité que parce qu’ils ont écrit d’aussi gros livres et qu’ils sont là à côté des plus grands prosateurs de leurs siècles ou de tous les siècles : il s’agit de Jules Vallès (présent à cette expo avec sa trilogie : L’enfant, Le bachelier et L’insurgé), Pouchkine, Tchekov, Copperfield, Mme Lafayette, Mérimée. Une des jeunes filles présentes s’abat sur ce stand comme une nuée de moineaux sur un prunier. C’est Rania, une étudiante qui aime beaucoup la littérature et a lu entre autres Kateb Yacine. Elle a déjà choisi deux livres : Colomba de Prosper Mérimée, et la Dernière énigme, un roman d’Agatha Christie. Elle ajoute Mme Bovary. Hayet, une élève en troisième moyenne a vu Frankenstein en film et veut le lire dans le texte. Elle s’empare de l’ouvrage sur le stand et lit un passage avec beaucoup d’aisance. Elle se désole qu’elle n’ait connu jusqu’ici les grands auteurs classiques qu’à travers les extraits que donne les livres de lectures. C’est Dounia encore. Cette lycéenne a un carnet et elle note les titres des grands auteurs. Elle cherche en vain Les misérables. Elle, elle a fait son choix : elle lit les livres que l’on trouve sur certains blogs littéraires. Elle a déjà lu Le capital de Karl Marx ! Enfin, c’est Ferhat, un étudiant qui s’intéresse à la technologie et qui lit tous les livres qui lui tombent sous la main. Mais son violon d’Ingres reste malgré tout la politique. «Comprendre ce qui se passe dans le monde», voilà à peu près son crédo. Et encore ceci : «Celui qui ne lit pas un livre par jour peut considérer sa journée comme perdue». Le livre a encore de beaux jours devant lui tant qu’il existera des garçons et des filles comme Ferhat, Rania, Hayet et Dounia. L’initiative de cette exposition vient de la Maison de la culture, laquelle a invité la librairie El Badissia de Constantine. Après Bouira, elle se déplacera vers Jijel. Selon les chiffres avancés par son gérant, elle reçoit chaque jour 500 visiteurs depuis qu’elle est à Bouira. Il est seulement dommage qu’elle ne complète pas ses rayons par des nouveautés, car la littérature a pour vocation de faire connaître les temps passés en les reliant au présent. Comme on voit, le choix de cette exposition est malheureusement assez restreint pour piquer au vif l’intérêt général. Pour être complet, il manquera toujours à ce festival littéraire un Corneille, un Diderot, une Mme de Sévigné un Beaumarchais, un Dumas, un Lamartine, un Musset, un Baudelaire, Un Anatole France, un Proust, un Gide, un Mauriac, un Montherlant, un Malraux, un Labiche, Un Eluard, un Aragon, un Duhamel, un Camus, un Sartre, un Céline, une Sagan et d’autres auteurs contemporains comme Jean D’Ormesson, Jean Christophe Ruffin, Houellebec, etc ; Et un bon guide pour parler des livres, les faire connaître et les faire aimer. C’est surtout cela le but de toute manifestation culturelle de ce genre. Le côté lucratif ne doit venir qu’en second lieu.

Aziz Bey

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