C’est mercredi soir, aux environs de dix-huit heures, que la nouvelle de la mort du grand révolutionnaire, Hocine Aït Ahmed, s’est répandue dans la localité alors que tous les villageois s’apprêtaient à passer une bonne fin de journée avec un bon dîner préparé spécialement pour la fête de Mawlid Ennabawi. En effet, la disparition de celui qui avait sacrifié toute sa vie, pour non seulement la libération de son pays du colonialisme, mais également pour faire asseoir une vraie démocratie au lendemain de l’indépendance, a été annoncée par de nombreuses chaines de télévision. Après cette nouvelle, de nombreux citoyens, hommes et femmes, ont eu du mal à accepter cette mauvaise nouvelle, pourtant attendue, ces dernières années, surtout après avoir abandonné la présidence du parti qu’il avait créé au mois de septembre 1963, à savoir le Front des Forces Socialistes (FFS). «Feu Hocine Aït Ahmed (Ath yarhem rebbi) est notre père à tous. Il a toujours été présent parmi nous, comme il fut un guide éclairé par ses visions pour l’avenir de notre pays, mais il n’a malheureusement pas pu atteindre son objectif, à cause de l’incompréhension, sinon de l’ignorance, des autres dirigeants», nous confie Aami Ahmed, un septuagénaire qui avait assisté à son emprisonnement par l’armée de Ben Bella, pour son soutien de la rébellion du FFS. Ainsi, après la consternation générale, les Imkhirène doivent se résigner à l’appel de Dieu. «Nous venons de perdre un être cher pour nous tous. Ce n’est pas une affaire d’appartenance au parti du FFS, mais simplement par le fait que feu Da El Hocine est une partie intégrante de toute la Kabylie et aussi de toute l’Algérie, tout comme Krim Belkacem, Ali Mellah, Abane Ramdane, Mohamed Boudiaf et beaucoup d’autres, qui sont des exemples à suivre pour les générations futures. Ils resteront toujours vivants dans nos cœurs», nous dira, à son tour, Aami Amar. Au demeurant, durant ces deux dernières journées qui suivirent l’annonce de la mort de Dda El Hocine, tout les habitants de M’Kira affichent des visages mornes, emplis de tristesse. Le deuil est observé dans la globalité des villages, où même les enfants n’ont pas procédé à allumer leurs pétards ou embraser leurs feux d’artifice qu’ils avaient achetés. «Il y a à peine quelques mois, lors de votre visite au village natal de feu «Dda El Hocine», lequel a été alimenté en gaz naturel par une entreprise et des ouvriers de M’Kira, nous vous rendu un petit hommage au feu «Dda El Hocine», en vous montrant certains endroits où il avait sans doute posé ses pièges quand il était enfant, ainsi que le chemin qu’il montait pour rejoindre son école. Comme nous vous avions déclaré également, toute notre peine, sachant sa maladie», nous déclare ce jeune ouvrier de l’entreprise de gaz et militant de la section du FFS de la localité venu à notre rencontre, en ne pouvant retenir ses larmes.
Essaid Mouas