Dès l’annonce, mercredi dernier, de la mort de Hocine Aït Ahmed, le siège de la fédération du FFS de Bouira n’a pas désempli. En effet, militants du parti, anciens de 63 et des citoyens anonymes s’étaient déplacés au siège pour présenter leurs condoléances et se recueillir devant la mémoire de l’un des architectes de la révolution algérienne. Hier, lors de notre passage sur les lieux, des dizaines de citoyens continuaient à affluer vers le siège de la fédération sis à l’Ecotec. À l’entrée du siège, une banderole est accrochée sur la devanture, sur laquelle on pouvait lire : «Adieu Si L’Hocine Aït Ahmed». À l’intérieur des locaux du parti, on pouvait reconnaître des militants de 63 et des responsables de la fédération dont le fédéral de Bouira, Saïd Derradj. Un registre de condoléances a été mis à la disposition des visiteurs. Certains militants à qui on a tendu le micro ont tenu à évoquer le parcours et les qualités de l’homme que fut Aït Ahmed. Beaucoup d’anciens de 63, présents, ont carrément fondu en larmes en évoquant celui qu’ils appellent affectueusement le Zaim. «Nous venons de perdre un des piliers de la nation», estiment-ils. D’autres compagnons d’armes, maquisards de 63, ont pêle-mêle rappelé à leur souvenance avec une grande émotion Akli Mohand Oulhadj, Hocine Aït Ahmed et leur idéal de libérer l’Algérie, mal partie, de la dictature. Le souvenir de ce combat inachevé a laissé transparaître une amertume dans le propos de ces quelques maquisards de 63 rencontrés, hier, au siège de la fédération. La carrure d’Aït Ahmed va au-delà de la sphère partisane et politique. Des citoyens lambda ne se reconnaissant dans aucune structure ont tenu aussi à rendre un hommage au dernier des 9. Hamid, la trentaine, regrette le fait que l’Algérie n’a pas pu capitaliser la grandeur de l’homme de son vivant et estime que Hocine Aït Ahmed est de ces rares algériens qui font l’unanimité. Cette unanimité autour de l’historique est justifiée par rectitude et sa fidélité à deux crédos : la dignité de l’algérien et la démocratie. M’hana, jeune fonctionnaire, réagira : «L’Algérie vient de perdre un monument de l’histoire contemporaine, une référence hélas marginalisée, quelquefois trainée dans la boue par le pouvoir politique qui aujourd’hui le pleure». Une jeune enseignante nous dit : «La disparition d’Aït Ahmed m’attriste, mais ce qui m’attriste le plus est que des valeurs disparaissent avec la disparition de ce grand homme et sa génération». Amine, un étudiant en sciences politiques, trouve que l’Algérie vient de perdre un grand homme et il regrette : «Da L’Hocine est, hélas, parti sans pouvoir mettre en place les idéaux pour lesquels il s’est battu depuis l’âge de 16 ans». À souligner que la fédération de Bouira s’attèle à préparer le déplacement des militants et citoyens vers la dernière demeure d’Aït Ahmed à Aït Yahia, dans la commune de Aïn Hammam.
D. M.
