Les rois et chefs d’Etat arabes, réunis depuis hier à Alger, sont-ils capables de relever les défis et d’aller dans le sens des aspirations de leurs peuples respectifs? La Ligue arabe est appelée à se saisir des enjeux du siècle afin de rejoindre le concert des nations civilisées et de jeter les ponts de la coopération avec d’autres groupes régionaux sur la base de valeurs partagées avant les échanges économiques. Le monde de demain, qui se dessine déjà aujourd’hui, œuvre des Etats-Unis et de la Communauté européenne, est basé sur un minimum de valeurs universelles auquelles devront souscrire les pays émergeants. Les pays arabes, plus que les autres,sont appelés à aller dans cette direction. En effet, l’extrémisme religieux, la situation de la femme, les droits de l’Homme, la liberté d’expression… sont autant d’avatars que l’écrasante majorité des pays arabes trainent…et cultivent bien des fois. Le monde arabe,en tant qu’entité et groupe, est-il “démocratisable” ? A première vue,l’opération s’avère difficile à mener. On n’en veut pour preuve le débat qui se déroule sur le mode de prise de décision au sein de la Ligue arabe. Ainsi, l’on constate que les pays les plus réfractaires au vote à la majorité sont ceux-là même qui accusent un retard considérable dans les réformes démocratiques.Ces pays préfèrent garder les choses en l’état et dégager des décisions par consensus. L’aspiration des peuples arabes à plus de liberté et de démocratie se trouve contrariée par leurs dirigeants qui perçoivent toute évolution comme une menace sur leurs régimes et monarchies. L’expérience algérienne est une exception dans la monde arabo-islamique. En ce sens que notre pays est allé vers des réformes politiques et économiques de son plein gré,et non sous la menace. Les pays arabes devraient s’inspirer de la démarche algérienne et préparer leur propre processus de démocratisation avant qu’ils ne soient sommés de le faire, notamment dans le cadre du Grand Moyen-Orient. Alors, la démocratie est-elle soluble dans le monde arabe ou lui sera-t-elle imposée ?
Chérif Amayas