La wilaya honore ses fils

Partager

Lorsque l’administration écrit sa propre histoire, cela donne une journée comme celle de lundi dernier, baptisée improprement portes-ouvertes, car de portes ouvertes, on n’en a vu que la cérémonie de clôturée qui a permis d’honorer 26 P/APC, dont un vice-président.

On en ignorera l’aventure de ces institutions les plus proches du citoyen et considérées, à tort ou à raison, les plus représentatives et leur cheminement pragmatique à travers les différents modèles sociaux depuis leur création en 62, puis leur réorganisation par décret présidentiel en mai 67 jusqu’à nos jours avec la nouvelle expérience de l’économie de marché qui rompt définitivement avec les pratiques de gestion socialiste. Considérée comme un outil de gestion locale au service du citoyen par le développement, l’APC a évolué à travers deux systèmes totalement opposés l’un à l’autre, marquée par un dirigisme pur et dur où l’initiative est réduite à sa portion congrue, les décisions se prenant à un échelon supérieur, puis par un système qui tend à se libéraliser et où le citoyen participe à la gestion et au développement de sa propre commune. Ainsi, passons-nous d’une phase où l’APC n’était pas maitresse de son destin à une étape où elle se prend elle-même en charge. C’est ce qui a été souligné lundi, par le chef de cabinet qui a lu la lettre du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, en présence du wali, des chefs de daïra et des P/APC et les familles des défunts à l’intention desquelles a été organisée cette cérémonie au siège de la wilaya.  » Depuis le premier code promulgué en 1967 à celui de 2011, actuellement en vigueur, la commune n’a cessé d’évoluer sur tous les plans », estime le document ministériel, considérant que ce «réceptacle de toutes les lois et règlements de la République» est «le lieu privilégié où convergent toutes les politiques publiques du pays». À titre d’exemple, pour souligner une telle évolution et le poids pris par les APC dans la gestion des affaires publiques depuis leur installation au lendemain de l’indépendance, le même document se prévaut de «la rencontre tenue par Monsieur le président de la République, en 2008, avec les présidents des assemblées populaires communales…» Rendant hommage «au fil des années et des mandats électifs à des hommes et des femmes qui se sont succédés, des élus, des fonctionnaires et ouvriers qui ont construit volontairement et avec mérite la commune», le ministre de tutelle salue par la même occasion les efforts et les sacrifices «des éléments de la garde communale, les patriotes et les groupes de légitime défense qui, la main dans la main avec l’ANP et les différents corps de sécurité ont éloigné le danger et sauvé vaillamment l’Etat Républicain.» Ainsi, à court terme, la commune évoluera vers plus de décentralisation, plus de démocratie grâce à la consécration du principe de proximité et de gestion participative, principe autour duquel viennent se greffer «les mécanismes de compétitivité entre les collectivités locales» et de solidarité entre elles pour plus de développement. Parallèlement, «elle verra la mise en œuvre d’autres mécanismes d’accompagnement pour le développement de ses ressources naturelles, l’amélioration de son système de recouvrement de ses créances et la dynamisation de son activité économique (…) à travers l’intégration de nouvelles techniques de financement, telles la caisse de garantie et de solidarité des collectivités locales». En gros, c’est une gestion moderne des APC qui est définie dans l’absolu. En réalité les choses ne se passent jamais comme on pense. Et chacun sait que nombre de communes continuent, en dépit des efforts considérables de l’Etat, à être gérées au jour le jour, sans réelle vision et assez souvent dans l’ignorance des vrais enjeux qui engagent leur avenir. Les portes-ouvertes dont on vient d’instituer la tenue chaque année, ne montrent que l’aspect positif de leur gestion. Les erreurs, les difficultés sont volontairement laissées de côté voire ignorées. Pourtant, ce sont ces échecs qui permettent de tirer les leçons du passé pour mieux avancer. Glorifier les hommes et leurs actions, à quelque échelon qu’ils se situent dans le processus de développement de l’économie nationale, est, certes, légitime, mais cela ne doit pas faire oublier les trébuchements de ceux qui ont failli dans leurs missions même si l’on sait qu’elles ont été difficiles. Enfin, dernier reproche à cette cérémonie qui honore sur la base de trois critères les plus anciens responsables d’APC (8 DEC pour la période allant de 62 à 67), les victimes de la décennie noire (5 DEC – Ridane, El Mokrani, Ahl Ksar et Aïn Turk), ceux qui ont plus de trois mandats (5, dont celui de Hadjra Zerga, en l’occurrence Amouri Djemil, qui comptabilise 32 ans de services) et enfin ceux qui ont mieux géré leurs communes (8). Toutefois, l’on a oublié le DEC qui était tombé le premier sous le couteau des terroristes : celui de la commune d’Aïn El Hadjar ! Cet acte ignoble a jeté la wilaya tout entière dans un profond effroi et la commune garde encore les séquelles de ce grand traumatisme. On nous informe que cette erreur va être réparée. Ce qui porte le nombre des élus locaux honorés à ces «portes-ouvertes» à 27 et des directeurs d’exécutifs communaux (DEC) assassinés pendant la noire décennie à 6. Ainsi, ont été honorés à titre posthume Djelloul Bechlouli d’Ahl Ksar, Saïd Farhi de Ridane, Boualem Bourkab de Mokrani, Hamidi Mohamed Seghir de Mokrani (Ce dernier était vice-président) et Amouri Djemil de Hadjr Zergha. L’oublié de cette cérémonie est Mohamed Rezig de Aïn El Hadjar, une localité distante d’une dizaine de kms de Bouira.

Aziz B.

Partager