Les années « noires » du terrorisme ont essentiellement poussé l’Etat à redoubler son « reflexe » sécuritaire qui s’est vu traduire par la sécurisation de ses institutions par des moyens de plus en plus sophistiqués.
Par ailleurs, protéger l’intégrité physique et morale des individus est du ressort de ce même Etat, sensé veiller donc à assurer la sécurité de son peuple et de leurs propriétés. La recrudescence du banditisme et de la criminalité n’a pas laissé le citoyen indifférent. De plus en plus, les entreprises et tout autre organisme sont sécurisés. Des sociétés de gardiennage privé spécialisées et bien d’autres équipements viennent renforcer et constituer un arsenal de sécurité désormais incontournable pour protéger le citoyen et ses biens. En l’absence de grandes institutions étatiques de haute sensibilité à Bouira, les entreprises étatiques ou privées ne sont plus les seules à s’atteler à cette technologie de surveillance. Les plus aisés s’offrent déjà «le luxe» d’installer un système de vidéosurveillance autour de leurs villas. Alors que la loi n’interdit pas d’installer ces caméras de surveillance, leurs coûts varient entre 9 000 à 120 000 DA, selon le model donc la qualité et les options. Toutefois, une autorisation soumise à certaines conditions délivrée par les services de sécurité est obligatoire. Aux chefs-lieux de Bouira et de Sour El Ghouzlane notamment, beaucoup sont ces particuliers à avoir déjà doté leurs demeures de ce genre de système de sécurité. Se procurer des moyens légaux pour se protéger n’est certainement pas un caprice en vogue pour les riches et les plus aisés. Des cas de kidnapping, de vol, d’agression à l’enceinte même de chez-soi sont à l’origine de cette tendance «High-tech» pour anticiper à des dangers divers. Toutefois, avoir une villa-citadelle, des chiens d’attaque, un système de surveillance,… ne s’offre pas à tout le monde. Que font les démunis et autres citoyens du «bas de l’échelle» ? Des quartiers se font de plus en plus embrigader. Des résidents cotisent et installent un portail comme seule issue pour leur quartier. Un moyen pour anticiper et «repousser» de probables «incursions» de bandes de malfaiteurs. «Une simple escarmouche entre gamins peut dégénérer et devenir une véritable guerre entre bandes rivales qui ne s’empêchent pas d’effectuer des razzias et semer la terreur dans le quartier. Un portail est le minimum que l’on puisse faire pour contrôler un tant soit peu les mouvements suspects d’intrus et retarder si, le cas échéant, une attaque d’individus armés, et ce, dans l’espoir que les services de sécurité répondent aux appels d’alerte. Nos véhicules garés aux bas de nos immeubles sont plus sûrs quand ce portail est fermé à partir de 22 heures ; personne ne peut y pénétrer sauf les résidents», nous confie D. Amar, enseignant et résident du quartier dit 140 logements. Par ailleurs, d’autres citoyens tentent d’assurer leur sécurité en prenant des précautions parfois des plus primitives en barricadant leurs maisons, et ce, en renforçant notamment les fenêtres aux barreaux de fer, installer des sirènes, etc. L’insécurité est une réalité palpable qui hante le citoyen. En plus des bijouteries, des superettes et des commerces installent également des caméras à l’intérieur de leurs locaux. «De plus en plus, on a l’impression que le Big Brother est partout avec ces caméras ! Des caméras autour d’une banque, c’est logique, des caméras à l’intérieur d’une pizzeria, c’est absurde !», pense Slimane, un citoyen résidant au chef-lieu de Bouira. «Le risque d’être agressé de se voir voler est omniprésent partout et à tout moment. Pour cela et puisque la sécurité de soi n’a pas de prix et les risques n’ont pas une règle ou une logique, ces caméras renforcent alors la sécurité à tous les niveaux, et cela constitue aussi un moyen de dissuasion», lui répondra son collègue de travail, Farid.
L. M.