Cherif Kheddam, l’un des chantres de la chanson kabyle nous quitta, le 23 janvier 2012, à l’âge de 85 ans, dans un hôpital parisien, des suites d’une longue maladie.
Quatre ans déjà que ce maestro repose auprès des siens, dans son village natal à Ath Bou Messaoud, dans la commune d’Imsouhal, relevant de la daïra d’Iferhounène dans la wilaya de Tizi-Ouzou. A la fois auteur, compositeur et interprète, Cherif Kheddam naquit le 1er janvier 1927 au village Ath Bou Messaoud, au pied des montagnes du Djurdjura, dans une famille de paysans modestes. À l’âge de 9 ans, il suit une formation coranique à la zaouïa de «Boudjellil», dans la région de Tazmalt dans la wilaya de Béjaïa. En 1942, il quitte sa montagne natale pour la capitale, Alger, où il travaillera dans une fonderie à Oued Smar puis dans une entreprise de peinture. Fasciné par le monde de la musique, il suivra des cours du soir de solfège et de chant, après son travail. Il apprendra les bases de la musique orientale avec Mohamed Jamoussi et développera sa propre technique musicale grâce aux cours du professeur Fernand Lamy. Cinq ans plus tard il émigrera en France et s’établira à Saint-Denis puis à Épinay. Il enregistrera sa première chanson à la radio «Ayelis n tmurtiw» (ô fille de mon pays) composée en 1955, un véritable hymne à la femme algérienne. Chérif Kheddam enregistrera ses plus belles chansons en 1958 celles de «Nadia et Djurdjura», l’autre inoubliable chanson, et «A lemri» en (1963), «Sligh iyemma» en (1978), «Tilawine» en (1980) et «Khir Ajellav n’Tmurtiw». Il composera et interprétera une autre chanson mythique incontournable de son répertoire «Avgayeth thelha Tharouh A lakbayl» (Béjaïa et belle c’est l’âme de la Kabylie). Qui ne connaît pas cette chanson qui décrit cette cité de basse kabyle «Béjaïa» qui ne fait qu’un avec sa sœur de haute Kabylie «Tizi-Ouzou». Un véritable hymne à la beauté et à la fraternité.
Il assurera, après l’Indépendance, l’animation de l’une des plus célèbres émissions à la radio chaîne II, intitulée «Ichnayens ou zeka» (les chanteurs de demain), qui a fait connaître beaucoup de grands noms de la chanson kabyle et les a faits sortir de l’ombre à la lumière, notamment la diva kabyle Nouara qu’il fera connaître grâce à des chansons immortelles qu’elle interprétera notamment avec lui. Depuis le décès de ce monstre sacré de la chanson kabyle, de la trempe des Slimane Azem et de Matoub Lounes, sa dernière demeure est fleurie, chaque année, par des artistes et des citoyens du monde entier qui viennent se recueillir sur sa tombe.
Taous C