Taourirt lieu de pèlerinage

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Le 60ème anniversaire de la naissance de Lounès Matoub, célébré hier 24 janvier, et comme chaque année, a drainé une foule nombreuse, venue se recueillir à la mémoire du rebelle, à Taourirt Moussa Ouamar, le village qui l’a vu naître.

La cérémonie s’est déroulée en présence de sa famille, notamment sa mère Nna Aldjia inconsolable et Malika sa sœur qui est aussi la présidente de la fondation « Lounès Matoub » et qui a initié cet événement en mémoire de Lounès et dont les activités ont débuté le 22 du mois en cours. La présidente de la fondation « Lounès Matoub », la sœur du rebelle Malika déclarera: «Lounès a donné sa vie, son sang, pour Tamazight et la démocratie pour l’Algérie toute entière. La fondation a été créée pour faire un travail de mémoire, il faut classer sa maison et en faire un musée, ce sera le musée de Tamazgha, de l’humanité. Lounès a été assassiné mais sa voix est toujours là ce sont eux qui sont morts… C’est un artiste engagé un repère pour la jeunesse, et de ce faite nous allons ouvrir un concours de musique « Lounès Matoub » aux jeunes talents». Le président du comité de village dira à son tour : «Le combat de Lounès (Thissar) était noble. C’était un combat identitaire. Un peuple qui perd ses repaires n’est pas un peuple, Lounès a combattu avec ses idées et c’est un devoir pour nous de transmettre son combat aux générations futures. La famille Matoub a de tout temps enfanté des rebelles. Du temps des Turcs, ils payaient des impôts pour leurs rebellions et du temps des Français, ce furent des Moudjahidine et des chouhada». Le maire d’Ath Marmoud quant à lui dira : «Lounès est un symbole, un repère identitaire. Pour ma part, j’ai pris un engagement envers les membres de la fondation d’être toujours à leur écoute et à leurs côtés. Nous avons décidé d’aménager la tombe de Lounès et nous avons apporté un soutien financier auquel vient s’ajouter notre engagement pour la réalisation du musée. L’APC a donné son accord de principe pour l’aménagement de trois classes en musée, il ne reste plus qu’à faire passer le projet en délibération. Nous espérons qu’avant le 24 juin il sera inauguré. Un autre projet est actuellement en cours de réalisation, il s’agit d’un stade communal qui portera le nom de Lounès Matoub». Sur place, nous avons discuté avec des jeunes venus des quatre coins du pays. Samir Mendjour est l’un d’entre eux. Agée de 28 ans et venu d’Agouni Ghegrane dans la daïra des Ouadhias, il nous confiera : «Lounès nous a laissé un trésor éternel, c’est son répertoire. Il fut un homme juste, c’est un symbole de la lutte pour Tamazight. Je viens chaque année car j’estime qu’il mérite tous les honneurs. Il a fait connaître la cause Amazighe au niveau international et a tracé la route aux générations futures». Un groupe de jeunes venus de la commune de Chorfa, dans la wilaya de Bouira, nous diront : «Nous avons démarré à 05h00 du matin pour assister à cet événement. Chaque année nous venons pour les deux anniversaires, celui de sa naissance et celui de son assassinat. Et même si nous venons à Tizi-Ouzou à titre privé ou professionnel, la tombe de Lounès est un passage obligé c’est un devoir pour nous, pour qu’il vive éternellement…». Un jeune de ce groupe venu de Bouira, Kamel Merzouk, un musicien âgé de 31 ans, nous dira : «Je suis musicien, j’ai été bercé par les chansons de Lounès notamment les dernières (Ayen-Ayen). Lounès est éternel, il nous a tracé la route de la liberté et de la démocratie, il a donné son sang pour la cause Berbère. Repose en paix Lounès ! Chorfa est la commune où il a chanté le plus souvent, il a passé beaucoup de temps au café Amezaourou qu’il affectionnait énormément». Kader Djeloudi, un autre jeune de 36 ans, mécanicien de métier, nous dira : «Lounès était un homme d’honneur, un héros pour toute la Kabylie. La chanson de son répertoire qui me touche le plus c’est ‘’Ath Hadjrar Ouliou ichour’’». Le président de l’association ‘’Arc-en-ciel’’ d’Ath Hessan, M. Arezki Yakoub, nous parlera du rebelle en ces termes : «Lounès est un symbole de la lutte pour la démocratie et la paix. C’était le patriote de toutes les patries opprimées, comme il le disait si bien». Mme Fatima, une artisane qui a offert à la fondation un tableau du rebelle dont le cadre a été orné de motifs berbères qu’elle a fait elle-même, nous dira : «J’aime tout le répertoire de Lounès. Quand je l’écoute, la volonté me revient». Smail Maréchal, un homme de culture et ami de feu Lounès, dira quant à lui : «Lounès est immortel, il a beaucoup donné pour le combat identitaire…». La maison de Lounès Matoub deviendra un musée

M. Mohand Ameziane Bachtarzi, membre de la fondation Lounès Matoub, nous détaillera les deux projets en germination, celui de la restauration et de l’aménagement de la tombe du rebelle, et celui du musée Lounès Matoub : «La famille de Lounès a décidé de classer la maison de Lounès et d’en faire un musée. Tous ses effets personnels y seront exposés au grand public, pour que tous les visiteurs puissent les voir. Il s’agit entre autres des instruments de musique, des objets rapportés de ses nombreux voyages, de photos, de partitions de musique, etc. Une fois que le statut de musée sera acquis, l’entrée sera gratuite. Les trois classes qui serviront d’administration et de salle d’exposition à ce musé sont déjà acquises». «Pour ce qui est de la restauration et de l’aménagement de la tombe de Lounès, le projet est acquis grâce au concours de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou. Les travaux vont démarrer une fois que l’APC d’Ath Mahmoud aura lancé un avis d’appel d’offres et les choses se feront bien entendu en collaboration avec la fondation Lounès Matoub qui veillera à la bonne exécution du projet. La fondation a également lancé la restauration des images du spectacle de Lounès donné de 1995 à l’Olympia, afin d’avoir une image de qualité. Pour ce faire, un travail de professionnels est actuellement en train de se faire en France, la fondation cherche actuellement des fonds pour la dernière étape : la restauration de cette vidéo de quatre heure de temps». Pour ce qui est de la 1ère édition du concours « Jeunes talents Lounès Matoub », qui a été lancé à cette occasion, M. Bachtarzi nous apprendra : «Pour les 20 ans de l’assassinat du rebelle, en 2018, un grand spectacle symphonique est prévu par la fondation et sera animé par l’orchestre symphonique de Versailles qui jouera 11 titres du répertoire de Lounès qui seront interprétés par le jeune talent lauréat de ce concours».

Taous C

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