Un héros tire sa révérence

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Les héros, dit-on, ne meurent pas. Ils s’en vont, pour le repos éternel, l’âme apaisée, avec le sentiment du devoir accompli, léguant à leur descendance des épopées de bravoure, de sacrifices et de résistance.

Si L’Hafidh est de ceux-là. Il a été depuis l’aube de la guerre de l’indépendance, aux premières lignes du combat libérateur. Il n’a pas été que baroudeur de l’ALN. Après l’indépendance du pays, écœuré par la tournure qu’ont prises les affaires de l’Algérie, il rejoint Aït Ahmed pour cofonder le FFS et reprendre les armes contre le pouvoir d’alors. Né le 26 janvier 1933 au village d’Aït Assou, dans la commune d’Iferhounène, daïra de Aïn El Hammam (Tizi-Ouzou), le défunt, connu sous son nom de combat « Si L’Hafid », est issu d’une famille de révolutionnaires : Son père était un novembriste dans la wilaya III historique et il est décédé en chahid, sa mère, Ouadda Djedjiga, était également réputée pour son engagement révolutionnaire et était considérée comme l’une des figures féminines du militantisme anticolonial dans la région. Ses deux frères, Amrane et Larbi, sont des chahid et c’est aux côtés de leurs tombes que devra, désormais, reposer la dépouille de feu « Si L’hafid », dans le carré des Ath Illiltène, l’un des Archs de la région ayant consenti le plus de sacrifices humains pour la glorieuse Révolution du 1er novembre. Après son engagement au sein du mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), il rejoint les rangs de l’ALN dès l’âge de 21 ans. Il s’est distingué ensuite par la direction de la mythique « Compagnie du Djurdjura » et a également assumé les responsabilités de chef de zone à la wilaya III. Son militantisme politique se cristallisera ensuite dans les rangs du FFS, une formation politique dont il fût l’un des membres fondateurs. En septembre 1963, le défunt a été l’un des négociateurs de l’arrêt des combats en Kabylie, en œuvrant au dénouement de la crise en 1965. Poursuivant, bon an, mal an, leur bout de chemin jusqu’à la rencontre du 16 décembre 1985 dans un londonien de Ben Bella et d’Aït Ahmed, que l’incompréhension s’installa entre Si L’Hafidh et si L’Hocine. Mais c’est en 1989, date qui apporta dans le sillage de l’ouverture démocratique, les inimitiés les plus inconciliables entre les deux fondateurs du FFS. D’ailleurs, l’ex-numéro 2 du FFS dans une déclaration rendue publique à l’époque au nom du Conseil national provisoire (CNP), dénonce «le dépôt du dossier d’agrément des statuts du parti par des éléments ayant usurpé les qualités de fondateurs et de responsables portant atteinte à sa crédibilité». Le document signé aussi par le colonel Sadek et le docteur Laliam ajoute que «le FFS entend faire opposition, en utilisant toutes les démarches légales nécessaires» (…) Par ailleurs, le CNP adresse une lettre à M. Aït Ahmed : «Nous attirons ton attention sur tous ces points en espérant que tu puisses nous faire partager tes suggestions, voire tes décisions». De guerre lasse, Si L’Hafidh a fini par créer le Front des Forces Démocratiques. Aussi Abdelhafid Yaha était, en janvier 2009, à la tête d’une délégation qui s’est rendue chez l’ex-président de la République, Liamine Zeroual, pour le convaincre de se présenter aux prochaines élections présidentielles d’alors. Ce que Zeroual dédaigna poliment. Cela-dit, son parcours de militant actif dans les rangs de l’ALN et les maquis de la wilaya III, il les consignera dans des mémoires en 2 tomes «Au cœur du maquis de Kabylie, souvenirs recueillis par Hamid Arab, Paris, Riveneuve éditions 2012, 381 pages. Le même titre vient de paraître chez Inas Edition en Algérie, récit recueilli par Hamid Arab. L’enterrement de la dépouille aura lieu ultérieurement, une fois celle-ci rapatriée de France, a fait savoir sa famille.

Sadek A. H

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