Entre le dossier iranien et les prix élevés

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Cette situation a incité mardi, les membres de l’Opep à décider de maintenir le plafond de production inchangé, soit 28 millions baril/jour. En pratique, les pays exportateurs pompent à plein régime : 29,3 millions baril/jour. Ce qui leurs assurent des recettes financières inédites. Leur décision avait été largement anticipée ces derniers jours mais un doute subsistait sur les intentions de l’Iran, en plein bras de fer avec l’Occident sur ses activités nucléaires. Le dossier nucléaire iranien est plus que jamais au cœur de l’actualité pétrolière, ces derniers jours. L’Iran, 4ème producteur mondial, avait appelé il y a une dizaine de jours à une baisse de production de 1 mbj à partir d’avril. Il avait aussi agité le spectre d’une « crise dans le secteur pétrolier » en cas de sanctions décidées par l’Onu, ce que les analystes avaient interprété comme une menace voilée de recours à « l’arme pétrolière ». Les experts jugent que le pays ne pourrait de toute façon absolument pas se permettre de renoncer à ses exportations de pétrole, qui assurent l’essentiel de ses rentrées en devises. Le président de l’Opep, le Nigérian Edmund Daukoru, « part du principe que la production et l’offre vont continuer, à moins que l’Iran ne dise qu’il va interrompre la production, mais ils m’ont assuré qu’ils n’avaient pas dit cela pour le moment ». D’autres comme la Libye ou le Venezuela ont en revanche mis en garde contre un impact sévère sur les cours du pétrole en cas de transfert du dossier nucléaire de l’Iran à l’Onu. La saisine devrait être demandée lors d’une réunion extraordinaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique prévue jeudi à Vienne. L’Opep pour sa part réexaminera la possibilité de baisser sa production lors de sa prochaine réunion, prévue le 8 mars à Vienne. Le Venezuela a prévenu que l’Opep étudierait une réduction des quotas de 0,5 à 1 mbj. Le cartel redoute que les cours ne dégringolent si le marché se retrouvait inondé de pétrole au deuxième trimestre, période où la demande recule traditionnellement à la fin de l’hiver en hémisphère nord. Mais l’essor économique de l’Asie fait planer un gros point d’interrogation sur la demande à prévoir cette année.Par ailleurs, la flambée du pétrole lèse énormément les intérêts financiers des compagnies aériennes, qui devraient essuyer cette année une perte de plus de 4 milliards de dollars, malgré la croissance continue du trafic aérien mondial, a averti mardi l’Association internationale du transport aérien (IATA). L’an dernier, les 265 compagnies aériennes membres de l’Iata (94% du trafic international) ont enregistré une perte de 6 milliards de dollars, a indiqué l’association dans un communiqué. « Le secteur ne devrait pas revenir dans le vert avant 2007 au plus tôt », a averti le directeur général de l’Iata, Giovanni Bisignani. 2006 s’annonce ainsi comme la sixième année consécutive de perte pour le transport aérien. Le déficit cumulé sur cinq ans atteint 42 milliards. Les compagnies aériennes, grosses consommatrices de carburant, ont dû payer l’an dernier une facture pétrolière de 92 milliards, en hausse de près de 50% sur celle de 2004, a indiqué à l’AFP l’économiste en chef de l’IATA, Brian Pearce. Le secteur a pourtant « considérablement gagné en efficacité ces dernières années en réponse au défi de la facture pétrolière » et il suffirait d’une poignée de dollars pour que les compagnies cessent de perdre de l’argent, a-t-il fait valoir. Selon lui, un baril de pétrole à 50 dollars en moyenne permettrait aux compagnies aériennes de renouer avec les bénéfices. Or, le pétrole leur a coûté en moyenne 54,5 dollars le baril l’an dernier et l’Iata table sur 53 dollars pour 2006, alors que le pétrole est coté actuellement aux alentours de 68 dollars à New York.

R. N et AFP

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