16 salles de classe pour 828 élèves !

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Plusieurs dizaines de parents d’élèves dont les enfants sont scolarisés à l’école Morsli Nadhir des 338 Logements de la ville de Bouira ont organisé, hier, une action de protestation, en observant un rassemblement de deux heures devant l’établissement. Leur but est d’attirer l’attention des autorités locales sur la situation qui prévaut au sein de cette école primaire. Une situation insupportable pour les élèves. Le quartier étant populeux, il est impératif de créer un groupe scolaire, d’autant plus que le terrain existe. «Les autorités s’étant engagées, nous avons attendu les vacances d’hiver, de printemps, d’été mais force est de constater qu’à la rentrée, rien n’a été entrepris. Une rentrée au cours de laquelle nous avons enregistré trois élèves par table, en plein centre-ville de Bouira.

Dans d’autres salles, en l’absence de chaises, les élèves étaient assis par terre. La semaine passée, après avoir fait appel à une Assemblée générale des parents d’élèves, bizarrement les services de la Direction de l’éducation ont aussitôt envoyé 30 tables et 60 chaises. C’est dommage, l’école offre une très belle image avec des couleurs chatoyantes et un aspect propre, alors qu’à l’intérieur, c’est tout autre. A noter que cet embellissement est une initiative des bénévoles et des parents d’élèves. C’est ce qu’affirme M. Hamraoui Yassine, président de l’association des parents d’élèves «Ettahadi» de cette école. «Depuis l’année dernière, nous avons procédé à des travaux à l’intérieur des classes, à la peinture décorative, au ravalement des façades, la réfection des sanitaires.

On a pris aussi en charge l’installation des climatiseurs, du chauffage et avons commencé l’aménagement d’un jardin et d’autres travaux que ni l’administration ni les autorités locales n’ont voulu prendre en charge», explique M. Hamraoui. Et de continuer : «Toujours est-il que la cour est dans un état déplorable, alors que les parents d’élèves ont consacré leur temps et leur argent pour améliorer les conditions de scolarisation de leurs enfants mais ils ne peuvent assumer ce gigantesque chantier. «Le projet de construction du groupe scolaire est une tâche qui nous dépasse pour réduire l’effectif des classes», déplore le président de l’association des parents d’élèves Ettahadi.

Ainsi, notre interlocuteur fera part des multiples sollicitations effectuées auprès des autorités communales et de wilaya sans oublier les services de la Direction de l’éducation : «Nous avons soulevé les problèmes qui nous dépassent et leur avons dit que nous prendrons en charge ce qui était humainement et financièrement possible, et ce grâce aux parents et à certains bienfaiteurs qui nous ont acheté les matériaux de construction indispensables. En ce qui concerne l’APC, elle a déclaré avoir un problème avec son fournisseur et n’a pas pu nous aider en ce qui concerne les fournitures. Nous ignorons si c’est vrai ou pas mais toujours est-il que les travaux avaient été entamés et nous ne pouvions plus faire marche arrière.

Nous travaillions d’arrache-pied les vendredis et samedis pour que les élèves trouvent, dimanche, les salles de classe prêtes à les accueillir. Le wali, pour sa part, s’est déplacé sur les lieux ainsi que le P/APW et nous avions même discuté. Le maire est aussi venu à deux reprises. Le Directeur de l’éducation, lui, n’a jamais daigné se déplacer pour visiter les classes. Mais nous nous sommes entretenus avec lui pour refaire la cour qui est très dangereuse, inclinée et qui demeure en terre battue.» Des responsables qui ont, pour rappel, donné leur accord pour cette revendication, selon notre interlocuteur. M. Hamraoui regrette également le désengagement des autorités communales.

Il dira indigné : «L’année dernière, au cours du deuxième trimestre, nous avions fait le tour des classes, en promettant des récompenses aux 10 meilleurs élèves auxquels on devait remettre des ordinateurs. Le P/APC de Bouira, saisi par nos soins, a promis de nous aider, en nous octroyant la moitié des cadeaux. Nous lui avons fait part également de l’idée d’emmener les 40 meilleurs élèves en excursion. Une idée à laquelle, il a adhéré. Les résultats du troisième trimestre dévoilés, nous devions impérativement tenir nos engagements vis-à-vis de ces élèves. Un généreux bienfaiteur, aujourd’hui décédé, nous a remis 5 tablettes. On a dû acheter les autres de notre poche à cause du désengagement inexpliqué du maire.

D’ailleurs, on l’a invité à la cérémonie de remise des cadeaux mais il n’est pas venu. Au sujet de l’excursion, nous avions demandé uniquement le transport mais au dernier moment, les services de l’APC nous ont appelés pour nous dire qu’il n’y avait pas de bus. Pour vous dire que nos interlocuteurs sont peu fiables.»

… et des bennes à ordures comme voisinage immédiat

Le président de l’association des parents d’élèves affirme, par ailleurs, qu’avec 828 élèves, il est obligatoire d’assurer la double vacation : «Nous avons demandé au Directeur de l’éducation de nous attribuer un enseignant pour diminuer la surcharge des classes, surtout en ce qui concerne la 1re année primaire avec des classes de 41 à 42 élèves. Mais jusqu’à présent, nous n’avons rien vu venir. Dans ce sens, au cours de l’Assemblée générale des parents d’élèves qui s’est tenue mercredi dernier, nous avons opté pour cette action de protestation, en observant un rassemblement de deux heures devant l’établissement.

S’il n’y a aucune réaction de la part des autorités, après ce rassemblement, nous envisagerons d’autres actions pour faire entendre notre voix et faire aboutir nos doléances.» Pour les autres parents d’élèves rencontrés sur place, un autre problème et non des moindres empoisonne le quotidien de leurs enfants. Et pour cause. A quelques mètres du portail principal de cette école, où les élèves patientent avant d’entrer en classe, il existe un immense dépotoir composé de plusieurs bennes à ordures entassées, dégageant des odeurs nauséabondes et attirant vermines et autres rongeurs. Les services de la voirie chargés du ramassage des ordures effectuent certes quotidiennement des tournées, mais cela n’a rien changé à la situation.

Les parents d’élèves de cet établissement scolaire se disent de ce fait outrés par le manque de civisme des citoyens mais aussi par l’attitude de l’APC qui n’aurait pas dû installer ces bennes à ordures à proximité de deux établissements scolaires. «C’est inadmissible que les autorités communales n’aient pas pris le soin d’étudier au préalable l’installation de ces bennes à ordures qui se trouvent à proximité d’une école primaire et d’un collège. Nous, parents d’élèves, en venant chercher nos enfants, sommes incommodés par les effluves de ces poubelles, alors que dire des élèves qui suivent les cours dans des salles à proximité de ces tas d’immondices», fulmine un parent rencontré sur les lieux.

Il est vrai qu’en cette période, l’environnement des élèves scolarisés dans cet établissement n’est pas des plus réconfortants. Souvent, des meutes de chiens errants, des rats et autres rongeurs s’agglutinent autour de ces poubelles, où ils trouvent leur pitance. Un danger, selon les parents d’élèves qui s’inquiètent pour la sécurité et la santé publique de leur progéniture.

Hafidh Bessaoudi

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