Ce lundi 15 février était le vingtième anniversaire de l’assassinat, à Tizi-Ouzou, de Nabila Djahnine, militante démocrate et féministe.
Elle était la présidente de «Thighri Netmetuth», Cri de la femme, et militait également au sein du mouvement culturel berbère. Elle avait trente ans. Ce lundi vers dix-huit heures, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées à la Place Said Mekbel à Béjaïa, pour lui rendre hommage. Toutes les générations avaient été représentées à ce rassemblement, et les présents venaient d’horizons divers. On y a rencontré des militants des droits de l’homme, des représentants du mouvement associatif, des hommes politiques, des enseignants universitaires, des étudiants, des ouvriers, des cadres de l’administration publique et plusieurs anonymes qui ont tenu à être présents à cette occasion. L’hommage a été unanime, tant Nabila était appréciée et respectée de tous. Son combat était désintéressé. Elle était sincère et voulait vraiment contribuer à améliorer la condition de la femme, en la débarrassant des contraintes instaurées par le Code de la Famille. Nabila était très dynamique et ne se contentait pas de militer lors des rencontres officielles. Elle bougeait énormément et sillonnait villes et villages pour aller à la rencontre des femmes souffrant d’injustice et de mépris. C’est cette énergie et cette fougue qui dérangeait ceux qui voulaient laisser la femme enfermée dans un rôle de mineure, sans espoir ni perspectives de salut. L’assassinat de la militante féministe a suscité émoi et réprobation dans tout le pays. Plusieurs démocrates ont ainsi payé de leur vie leur combat pour la justice et la liberté. Sur cette place Said Mekbel, fermée pour des raisons de rénovation de la stèle du défunt journaliste, il faisait un froid intense, prélude à la dégradation des conditions atmosphériques annoncées par le BMS de Météo Algérie. Cela n’a pas empêché la foule de se rassembler et de marquer cet anniversaire, afin que nul n’oublie la mémoire de Nabila Djahnine et son combat qui continue, puisque d’autres ont, depuis, repris le flambeau. Il existe actuellement plusieurs associations qui militent sur ce terrain, et pas seulement en Kabylie, puisque la femme algérienne vit les mêmes contraintes dans tout le pays. Parmi les présents, certains se demandaient si les dispositions de la nouvelle constitution allaient permettre de revoir le Code de la Famille, tandis que d’autres craignent qu’elles ne soient renforcées, si les démocrates baissent les bras. Un militant déplore d’ailleurs l’affaiblissement de la résistance démocratique, tant les regards sont attirés vers des urgences plus quotidiennes, dues à la dégradation des conditions de vie. Toujours est-il que Béjaïa a honoré la mémoire de sa fille, et a montré que malgré les années qui passent, Nabila Djahnine reste encore dans les cœurs.
N. Si Yani

