«Notre commune a besoin d’un plan spécial»

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Après avoir subi les affres du terrorisme, durant les années 1990, qui les a contraints à un exode massif, les habitants de plusieurs villages de la commune de Zekri, sis à 70 kms à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, commencent à regagner leur terre natale, mais force est de constater que ces « revenants » butent contre des problèmes d’ordre social et économique.

Même si une équipe dynamique d’élus locaux essaie d’en faire face avec les comités de villages de la région, en réalisant beaucoup de choses, mais, beaucoup d’autres font défaut. La localité a besoin d’un plan spécial pour remonter la pente et rattraper le retard, d’après le premier responsable de la commune que nous avons rencontré au chef-lieu. «Notre commune a besoin d’un plan spécial. Elle a trop souffert durant la période du terrorisme. Les habitants veulent revenir pour peu que les pouvoirs publics débloquent un budget de soutien, et ce, dans le but de désenclaver notre région», nous dira M. Messaoud, président de l’APC de Zekri.

Une gestion participative

En termes de consommation des programmes, des PCD entre autres, la commune de Zekri est de loin le leader dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Au moment où des communes «riches» peinent à dépenser le quart de leur budget pour des considérations bureaucratiques et politiciennes, la commune de Zekri a consommé au 31 décembre 2015, son dernier sou. «Tous nos projets ont été réalisés. Nous n’avons pas de retard dans leur réalisation. Ce qui nous a valu une récompense et un bonus de quatre (4) millions de dinars, en plus dans notre budget», nous signalera M. Messaoud. D’après ce dernier, la clé de la réussite est simple: elle réside dans une gestion transparente de la municipalité et une politique de proximité prônée par tous les élus, toutes tendances confondues. Des projets sont accordés par ordre de mérite, lesquels ont été proposés, auparavant, par les comités de villages qui sont associés régulièrement aux décisions et aux attributions. Une gestion participative. «D’ailleurs, le suivi de ces projets est assuré par des membres des comités de villages de chaque localité», rebondira cet élu.

Des doléances qui urgent

À quelques exceptions près, les 32 villages de la commune de Zekri ont bénéficié de plusieurs projets. Toutes les routes principales ont été goudronnées, les villages ont été raccordés aux réseaux d’assainissement et d’électricité des pistes agricoles ouvertes, et chaque localité dispose d’une aire de jeux et pratiquement d’une maison de jeune. Mais beaucoup de choses restent à faire. «D’abord, le gaz naturel pour les trois communes de la région, à savoir, Zekri, Akerrou et Aït Chafaâ. L’étude a été réalisée, on attend juste son application. La commune de Zekri est connue par son climat très froid pour ne pas dire glacial, le gaz naturel s’avère une nécessité vitale pour les citoyens et une aubaine pour la protection de l’environnement dans le sens où les habitants se rabattent sur le bois pour se réchauffer pendant la période hivernale, ce qui provoque une catastrophe dans nos forêts», déclare notre interlocuteur. En plus de cette doléance, les habitants de Zekri souffrent le martyr dans le domaine de la santé : la commune ne dispose d’aucune structure sanitaire. Ne serait-ce que pour des premiers soins, les citoyens sont contraints de se déplacer vers Azazga, à 40 kms de leur localité pour se faire soigner. Même avec un nombre réduit d’habitants de cette localité un critère qui est mis en avant dans l’affectation des structures sanitaires, une mesure d’exception peut, néanmoins, faire bénéficier cette localité d’une polyclinique, le souhait de toute une région, à leur tête le premier responsable de l’APC. Mais pas seulement, un poste avancé de la protection civile sera le bienvenu, selon, toujours, le maire. «Les incidents de feux de forêts sont récurrents dans notre région pendant l’été et l’intervention de la protection civile a été toujours tardive vu l’éloignement de ce corps de notre localité. C’est pour cela qu’on a proposé un poste avancé au chef-lieu de notre commune, lequel s’avère une nécessité absolue». Un ancien problème de logements secoue, aussi, la localité. Un paradoxe : il s’agit des logements occupés par des gens qui ont fui leurs villages pendant le terrorisme et qui ont trouvé refuge au chef-lieu. Le concept ‘’squatteurs’’ collé à ses occupants par les quelques parties des autorités, n’est pas du goût des élus et de la population de la région qui les considèrent comme étant des citoyens qui se trouvaient, à un moment de la vie, dans le besoin. D’ailleurs, la commune est prête à régulariser leur situation pour peu qu’il y’ait une entente avec les parties concernées, selon M. Messaoud.

Des terres agricoles non exploitées

Dans un autre chapitre, mais toujours dans le registre des paradoxes, des terres agricoles à pertes de vue sont abandonnées et non exploitées, et, d’autre part, des agriculteurs avec du matériel et de gros moyens peinent à dénicher une petite parcelle de terre. La commune de Zekri est à vocation agricole. «En 1984 et dans le cadre de la réforme agraire, des terres ont été cédées à des personnes censées les exploiter. Mais, malheureusement, depuis longtemps elles sont abandonnées. Alors des agriculteurs viennent nous voir pour leur permettre de les exploiter. N’ayant pas les mains libres et ne disposant d’aucune prérogative quant à leur transfert, je lance un appel urgent aux autorités concernées afin de proposer une issue et affecter ces terres aux fellahs qui veulent les exploiter», nous dira le P/APC. La commune de Zekri produit 2 000 litres de lait par jour, elle a une superficie agricole de 2 493 hectares.

La protection de l’environnement : un exemple de civisme

La propreté au quotidien est une valeur chez les citoyens de Zekri et pas un slogan des opportunistes qu’on exhibe hypocritement. Chaque village dispose d’une décharge contrôlée. Le ramassage des déchets ménagers se fait au quotidien dans chaque localité. Les citoyens sont au courant de leur passage, ils mettent directement les ordures dans le camion. Et c’est ainsi qu’on préserve les lieux et, par ricochet, la nature. Pour rappel, le village de Tabouda dans la commune de Zekri a décroché le 6ème prix en 2015 du concours «Le village le plus propre de la wilaya de Tizi-Ouzou» qu’organise chaque année l’APW de Tizi-Ouzou.

H. Moula

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