ça chauffe à Béjaïa

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Hier en fin de matinée, un rassemblement a eu lieu devant le siège de la wilaya de Béjaïa, à l’appel de l’ADIC, Association pour la Défense et l’Information du Consommateur, et ce, pour contester, encore une fois, l’augmentation des prix des tickets de transports.

Cette augmentation, qui a pris effet le jour même, a, selon les responsable de l’Adic, enfreint la réglementation, puisque la décision ministérielle en la matière n’a consenti que 10% d’augmentation, alors que les transporteurs de Béjaïa l’ont portée unilatéralement à 33%, faisant passer le prix du ticket de 15 Da à 20 DA. C’est le secrétaire général de la wilaya qui a reçu les représentants de l’association, pour leur signifier, selon le représentant de l’Adic, qu’il ne pouvait rien y faire et qu’il fallait saisir le wali par écrit. «Nous avons remis une lettre en mains propres au wali, il y a à peine quarante-huit heures et on nous demande encore une fois de lui écrire», s’est écrié au mégaphone Yacine Adjlia, le président de l’association. «Nous exigeons maintenant d’être reçus par le wali», a-t-il ajouté. «Nous ne demandons rien d’autre que l’application de la réglementation et le respect du cahier des charges». Alors qu’il expliquait aux manifestants les tenants et aboutissants de l’affaire, brusquement, la porte principale de la wilaya s’est ouverte et une vingtaine de policiers de l’anti émeutes surgit et s’est mise à bousculer les protestataires à coup de matraques. Cinq manifestants, dont le président d’ADIC, ont même été embarqués et pris de force vers l’intérieur de la wilaya. La banderole de revendication accrochée aux abords de la wilaya a été arrachée par ces mêmes policiers. Même les personnes qui se sont éloignées pour observer de loin la scène se sont fait haranguer par les policiers. À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas ce qui en est advenu des personnes embarquées. Rappelons, tout de même, que l’Adic est une association agréée et active pleinement dans la légalité. Le rassemblement auquel elle a appelé était totalement pacifique. Il n’y a eu de sa part ni dérives ni dépassements lors de ce rassemblement.

Une réunion pour désamorcer la crise a été pourtant tenue dimanche

Selon un communiqué de l’ADIC, (Association pour la défense et l’information du consommateur), rendu public lundi dernier, le directeur des transports de la wilaya de Béjaïa aurait contacté par téléphone Yacine Adjlia, président de ladite association, pour l’inviter à une réunion avec les représentants des transporteurs et ceux de l’administration. Ladite réunion s’est déroulée dans les locaux de la direction des transports, dimanche dernier, à la demande du SG de la wilaya et suite à la mobilisation de la population devant le siège de la wilaya de Béjaïa qui s’était déroulée la veille. Étaient présents à cette réunion, quatre membres de l’association ADIC Béjaïa, sept membres représentant les trois syndicats des transports, le directeur du transport de la wilaya, le chef de service de la direction des transports et un inspecteur au sein de la direction des transports. Après plus de deux heures de discussions, les trois syndicats ont répondu favorablement aux doléances exprimées par l’Adic. Il s’agit, en fait, d’une dizaine de revendications exprimées par affichage sur les murs de la ville et renouvelées par les manifestants du samedi dernier. Ces revendications consistent, en fait, à assurer le respect des horaires de travail et l’organisation de permanences jusqu’à vingt-deux heures en hiver et minuit en été. Le comportement des chauffeurs et des receveurs devra également être amélioré le respect et la sécurité des clients n’en seront que mieux garantis. Un autre point abordé par la plateforme de revendications des usagers des transports urbains est celui en relation avec le respect strict des itinéraires ainsi que celui du marquage des arrêts obligatoires. La question de l’hygiène des bus n’a pas été en reste lors de cette réunion, où l’Adic a insisté sur l’obligation d’assurer l’hygiène à la fois du personnel et des bus. Tout comme il a été question du problème de la surcharge des bus, surtout aux heures de pointe. Il arrive trop souvent, hélas, que les bus et fourgons prennent plus de voyageurs que la normale, rendant les conditions de transport particulièrement désagréables, voire même parfois dangereuses. Si la manifestation de samedi dernier n’a pas réussi à empêcher l’augmentation du prix des titres de transports, on ne peut que constater que sur les autres points, les manifestants ont eu gain de cause. Reste à vérifier tout cela sur le terrain et constater si oui ou non, les points de cet accord auront été respectés. Le combat de l’Adic ne devra, donc, pas s’arrêter à la signature de l’accord, mais aussi de le suivre sur le terrain pour constater son application concrète. Toutefois et pour améliorer les conditions de transports, il y a encore d’autres points à voir. Comme par exemple, le renouvellement du parc d’autobus, l’ouverture de nouvelles lignes et l’organisation des points principaux d’arrêt, tels ceux de la Porte Sarazine, des arrêts d’El Qods, de Tobbal, de Dawadji, de la cité des trois cents logements, d’Ighil Ouazoug et bien d’autres. La présence de contrôleurs aiderait certainement à mettre fin à l’anarchie qui y règne. Rappelons, enfin, que l’augmentation des prix des tickets de transports, passant de 15 à 20 DA depuis hier, a été revendiquée par l’ensemble des transporteurs pour faire face à l’augmentation des prix du carburant, décidée par le gouvernement au travers de la nouvelle loi des finances.

N. Si Yani

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