De plus en plus, les citoyens prennent conscience de la nécessité de préserver la nature.
C’est ainsi que partout en Kabylie, on assiste à des actions qui tantôt durent dans le temps, à l’instar des actions d’embellissements et de restaurations de sites dans certains villages comme Iguersafen, Zoubga, Timizart, Tabouhant, tantôt sporadiques sous forme de volontariats pour le ramassage d’ordures et autres détritus éparpillés par négligence un peu partout dans nos rues et compagnes depuis des années. Ces actions menées, au départ, timidement par de petits groupes, soit sous l’égide des comités de villages ou par des associations, ont fini par faire à la longue, l’effet boule de neige, puisque un peu partout à travers la Kabylie, des actions similaires allant dans le sens de la réhabilitation de l’environnement et du cadre de vie sont enclenchées au fil des jours. Il semble que de plus en plus, les citoyens souhaitent un cadre de vie sain, loin de la pollution, plus en adéquation avec la culture ancestrale d’entraide héritée de nos aïeux. Dans le prolongement de ces actions civiques, ô combien méritoires et salutaires, l’association «Tighri n Amraoua» du village Kahra a organisé ce week-end une action d’envergure à même de redorer le blason longtemps terni de ce bourg situé à 27 kms à l’Est de Tizi-Ouzou, chef-lieu de la wilaya, et qui se trouve juste en dessus du fleuve de Sebaou. L’action est d’une grande importance surtout si l’on sait que le village est un point de jonction entre Freha, Tizi-Ouzou et la commune de Timizart. C’est dans une ambiance bon enfant que les travaux d’embellissement, qui ont regroupé jeunes et moins jeunes, tous animés de bonne volonté ont commencé. Entre mise en place du gazon, plantation d’arbustes et nettoyage des rues, il faut dire qu’il y avait fort à faire. Pour Kheloudj Ikeroutene, fille du village enseignante d’anglais et militante de la cause culturelle, les jeunes du village ont décidé de prendre la bête par les cornes. Selon elle, l’action est loin d’être ponctuelle puisqu’il s’agit à terme de changer radicalement le visage du village, lui donner une âme en adéquation avec notre culture, notre histoire mais aussi notre désir d’émancipation. «Préserver la nature est un acte à la fois civique et militant. Les peuples qui aspirent à durer dans le temps sont les peuples qui ont réussi la symbiose entre l’exigence de la vie moderne et le biotope. Que nos jeunes aujourd’hui se préoccupent de l’état de leur environnement est un signe rassurant pour l’avenir. Cela démontre que rien n’est perdu, que les énergies peuvent être mobilisées pour sauver de la destruction la seule richesse que nous possédons vraiment et qui est notre fierté : la nature».
Longtemps négligée et laissée à l’abandon, au point où des pans entiers de forêts furent brulés ou saccagés, la nature reprend de plus en plus de valeur auprès de nos concitoyens donnant ainsi sens au proverbe kabyle qui dit : on a beau errer à gauche ou à droite, force des choses oblige à revenir au droit chemin (ddaw ubrid, nnig ubrid, leqrar-is d abrid).
A.S. Amazigh

