Alors que Chabha le Chignon et l’association «zwi-tt rwi-tt» s’apprêtent à fêter la Journée mondiale de Cheb Yazid, Sadiya n l’Euro, elle, a mobilisé un groupe de femmes universitaires pour animer des conférences devant un parterre masculin pluriel, la journée du 8 mars. Elle avait, cependant, exigé des conférencières : «Démaquillez-vous, ne vous lavez pas, habillez-vous n’importe comment… Faites de sorte que vous paraissiez encore plus moches que des guenons». – Mais nna Sadiya, tu nous demandes de nous transformer en hommes et, qui plus est, avec cet air de bébête, s’étonne l’une de ses invitées. – Faites-moi confiance. Faites ce que je vous dis. La veille de la Journée mondiale de la femme, toutes tizenqatin (ruelles) de At Rgad invitaient la gent masculine à écouter des femmes parler de : «femme-poupée, femme-gadget, femme-budget» et d’autres thèmes encore proposés sur des posters géants mettant en exergue les mensurations généreuses de Pamela Anderson en bikini sur la plage de Malibu. Qaqi Le Mécano s’est illico presto rendu au hammam de la ville. Il y passera presque toute la nuit. En deux heures de temps, savons, shampoings, parfums, détergents… sont épuisés. Les derniers arrivés dans les deux épiceries de taddart n’y trouveront que de l’eau de javel et du grésil. La mosquée est boudée par les deux rangées de fidèles à partir de 13 heures. Aux environs de minuit, torches à la main et la libido dans tous ses états, quelques «maribataires» revisitaient Pamela Anderson. Le lendemain, à six heures du matin, la grande salle de l’école primaire est prise d’assaut. C’est pour la première fois, dans l’histoire d’At Rgad, que la salle des rencontres, meetings et autres conclaves sent le ploum ploum.9 heures, Sadiya n l’Euro et ses invitées s’installent. Échanges de regards dans la salle. Sadiya sourit en catimini avant de prendre la parole : «Azul à tous. Je suis contente que vous soyez venus aussi nombreux. C’est la preuve que vous êtes du côté de vos femmes, vous les soutenez. Je sais que votre grande aspiration est de voir votre femme, votre fille et votre sœur aller de l’avant jusqu’à devenir, un jour, des hommes comme les autres…. Grâce à vous, ce jour est proche. Permettez-moi de vous présenter ‘tibergazin’ (intraduisible) qui vont vous parler de nous toutes, vous y compris». La salle découvre les conférencières avec grimaces frisant la répulsion. La première à intervenir fera l’historique des luttes féministes, parlera pêle-mêle de Clara Zetkin, Dihia, «Ni putes ni soumises», de Nabila Djahnine, du dos en souffrance de cette vieille kabyle «likée» sur les réseaux sociaux… Les yeux clos, la salle n’écoute que les battements rythmés du petit cœur de Pamela Anderson déambulant sur la plage de Malibu…
T.O.A
t.ouldamar@yahoo.fr
* Cette chronique est inspirée d’un texte pertinent lu sur les réseaux sociaux. Merci à l’auteur. PS / «Les hommes rêvent, se fabriquent des mondes idéaux et des dieux. Les femmes assurent la solidité et la continuité du réel» René Barjavel

