Les avocats célèbrent leur Journée nationale

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À Bouira, les robes noires ont fait deux choix pour célébrer la Journée nationale de l’avocat : avancer celle-ci de deux jours et opter pour l’université pour abriter les festivités.

Explication de la bâtonnière Mme Sidhoum, qui présidait ces activités : le premier jour du printemps qu’elle saisit pour présenter ses meilleurs vœux à la corporation et à tous les algériens. Ainsi, dans une salle où dominait le noir, la couleur représentative de la profession d’avocat et où la présence de la présidente de la cour et du procureur général était remarquée, la bâtonnière a surtout focalisé son intervention sur la figure de proue des avocats algériens, Ali Mendjel. Avocat et révolutionnaire, il a rejoint le maquis en 1955. Arrêté en 1957 et après un mois de tortures atroces, il a été exécuté selon l’intervenante. Toujours selon elle, la France n’a reconnu ce crime qu’en 2000. Et de conclure sa courte intervention en rendant hommage à ce symbole de la Révolution et de tant d’autres, sans oublier Jacques Vergès, l’autre grand avocat, ami et défenseur de la cause algérienne au temps du colonialisme, en exhortant l’auditoire essentiellement féminin, à s’inspirer dans son quotidien de cet exemple de courage et de droiture, la profession exigeant de grands sacrifices pour son accomplissement. Le deuxième point de ce programme méritant d’être signalé est l’intervention du docteur en droit et maître conférencier, Saïd Bouziri. Ce dernier a choisi le thème de l’avocat et son rôle dans le règlement des litiges au sein de notre société. Considérant le contexte international grave, et marqué par les guerres et les conflits de toute sorte, il dira que si «la planète pouvait parler, elle se plaindrait à Dieu de ce qu’elle endure comme souffrance». À l’échelle nationale, il a fait part des nombreuses affaires réglées par les avocats pour montrer la complexité des litiges et leur nombre, particulièrement au sein de notre société. Et de recourir à un lexique fort élaboré et fort ancien, pour souligner que le fait de rendre justice ne s’appuie pas seulement sur les textes juridiques, puis également sur la tradition qui érige l’imam ou la Djma’a en juge et l’Islam en code. C’est de la maitrise de ces «codes» (tradition, charia et textes juridiques) et de leur application avec rigueur et justice que dépendent la paix et la fraternité au sein d’une communauté donnée. On comprend dès lors la noblesse et la grandeur d’une telle mission. S’il a recommandé aux jeunes avocats de demeurer en contact permanent avec les anciens, les chevronnés, le conférencier a mis en garde tout le monde contre un juge infaillible : l’opinion publique qui observe et porte des jugements définitifs. Ainsi, le respect de la déontologie fait un devoir à l’avocat d’accomplir consciencieusement sa mission de conciliation entre deux parties en conflit au sein de la société. Notre remarque porte sur la modestie du programme de cette journée. Nous disons volontairement modestie pour éviter d’être blessants en employant les termes de pauvreté et d’inadéquation. Que venait faire là cette chorale, par exemple, qui a pris beaucoup de temps ? Quelle était l’utilité de cette pièce de théâtre présentée après la lecture d’un long, très long même, poème ? On se rend compte que l’aspect culturel de cette journée a «bouffé» l’essentiel du temps qui aurait dû être consacré aux débats et à la prise de parole pour permettre aux jeunes avocats d’exposer leurs problèmes, de faire part de leur expérience personnelle, de s’exprimer tout simplement. C’est une journée comme celle-là qui contribuerait à la formation du jeune avocat. Il n’a pas besoin de divertissement.

Aziz Bey

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