Le FFS boycotte et place le FLN

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“Les échéanciers électoraux se succèdent sans qu’aucune mesure politique ne soit prise pour rétablir le débat public et sans qu’aucun impact positif ne soit ressenti par la population », estime Ali Laskri, son premier secrétaire. Il souligne, dans une allusion à la maladie de Bouteflika, que le renouvellement ne sert qu’à dissimuler la « vacance » de la présidence de la République. »Cette opération, écrit-il, constitue une nouvelle étape dans la singularisation de la Kabylie et un moyen par lequel les décideurs tentent de donner un semblant de vie institutionnelle pour camoufler la vacance de la première instance du pays ». Quoique déjà éventée par des indiscrétions et des supputations de presse, la décision prise par le FFS ne comporte pas moins quelques restes de surprise.Elle est rendue publique sous la forme d’un appel du premier secrétaire aux élus locaux de Tizi Ouzou et Béjaïa au boycottage du rendez-vous du 23 février.Et c’est là peut-être un précédent dans le fonctionnement du FFS qui a coutume de produire ce genre de décision par le truchement de son conseil national, organe délibérant entre deux congrès.Cela nous amène en plein dans l’enjeu de fond de cette décision. En décidant de faire l’économie d’un débat au sein de son conseil national, le FFS redoute-t-il des déchirements ou des divergences aiguës entre ses cadres ?Car au-delà de la portée pratique somme toute modeste de cette élection (trois sièges à pourvoir pour un mandat d’une année), l’effacement du FFS équivaut à un tapis rouge déroulé aux pieds du FLN.Arithmétiquement (le terme a été utilisé par Ali Laskri pour qualifier les alliances contractées par les élus locaux du FFS), le FLN est subitement propulsé au rang de première force électorale en Kabylie. Il n’ y a qu’à examiner le cas de la wilaya de Béjaïa, par exemple, où le collège des grands électeurs se présente comme suit : FFS (156 élus « boycotteurs »), FLN (87 élus électeurs), RCD (84), RND (53). Malgré des initiatives unitaires, les 107 élus « indépendants » demeurent une entité bigarrée et ouverte aux quatre vents, ne pouvant, selon la majorité des observateurs, que contrarier marginalement l’issue du scrutin telle que suggéré par la revue des effectifs en présence. C’est claire, surtout lorsqu’on sait qu’il s’agira d’une élection uninominale à un seul tour, comme 2 et 2 font quatre que c’est une divine surprise pour l’ex-parti unique. Y a-t-il, comme suggéré aussi par des indiscrétions de presse, deal entre le FFS et le FLN? Probable, d’autant que le parti d’Ait Ahmed ne peut ignorer l’implication in fine de sa position et qu’un tel rapprochement était déjà engagé, de manière confuse et mal assumée, dans la gestion des assemblées locales.Convaincu d’une « vacance de la première instance du pays », Ali Laskri semble ainsi placer le FFS dans un positionnement électoral anticipé en prévision de la présidentielle. Pour cette échéance, les prémices et les prémisses d’un renversement d’alliances sont déjà fortement perceptibles avec la guéguerre que se livrent le FLN et le RND et le repli bigotique du MSP. Dans une perspective de déconstruction-reconstruction politique, Hocine Aït Ahmed, ce n’est pas d’aujourd’hui, a tendance à voir préférentiellement en le FLN la composante la moins militarisée ou la plus civilisée du pouvoir avec laquelle il est possible de compagnonner un bout de chemin.

M. Bessa

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