Le poisson disparu des étals

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Les prix exorbitants qu’affiche le poisson dépassent tout entendement. Manifestement, l’envolée du cours du poisson n’a pas cessé de faire voir de toutes les couleurs aux consommateurs. Une tendance haussière depuis des mois est enregistrée au niveau des pêcheries et des étals. Le prix du kilo de la sardine, poisson très prisé par les Algériens, autrefois à la portée des bourses moyennes, s’est envolé d’une manière vertigineuse à telle enseigne que ce produit a disparu des étals. À Chemini, ce produit de la mer se fait désirer, en tenant la dragée haute aux amateurs de cette merveille gustative. En s’enfonçant dans la vallée de la Soummam, le constat est presque le même si ce n’est plus saignant pour se faire pousser des ailes. En effet, les marchands ambulants sillonnant les différents villages perchés dans la montagne qui le proposaient à 700 dinars le kilo, ont déguerpi les lieux pour d’autres commerces plus juteux et plus sûrs. À une dizaine de kilomètres plus bas, la localité de Sidi-Aïch enregistre elle aussi un net recul de la consommation du poisson en raison des facteurs susdits. Cependant, il y a lieu de relever que vu la cherté de ce produit de la mer, les étals de poissons frais ne sont plus fréquentés que par certains retraités à l’appétit d’oiseau, ou les rares familles au revenu élevé ne se préoccupant guère du prix qu’affiche la mercuriale. Dans le souci de combler cette carence en calories, les ménages se sont rabattues sur la viande blanche, le poulet, dont les prix se sont attiédis pour afficher les 240 DA le kilo. Toutefois, le prix de la volaille est loin de faire l’unanimité auprès des consommateurs qui se trouvent de facto privés de cette matière après avoir longtemps tourné le dos à celle du bovin et de l’ovin. Sur ce, la viande, dans toutes ces qualités, ne figurera pas dans les menus des petites bourses. Ainsi, à défaut de la sardine, hautement riche en vitamines (D et B12), en sels minéraux, en calcium et source d’oméga-3, les ménages pourront toujours se rabattre sur le poulet qui malheureusement est «bourré» d’antibiotiques; prescrits par les vétérinaires pour un usage curatif, préventif et additif. Or, manger du poisson régulièrement est indispensable pour le cerveau, les yeux, les artères, le cœur, le sommeil, diminuer le risque de cancer et de nombreuses autres maladies. Devant cette dérégulation du marché du poisson, chacun tente de chercher un bouc émissaire. Les uns imputent la flambée des prix du poisson aux professionnels du métier, et d’autres mettent en cause la politique du gouvernement qui ne maîtrise pas la situation qui semble lui glisser entre les doigts. La détresse est plus que tangible dans les propos des pêcheurs qui s’estiment lésés par les multiples obstacles dressés par les pouvoirs publics. Au moment où le poisson meurt de vieillesse, le consommateur algérien est réduit à la portion congrue. En désertant les étals, le poisson a quitté l’assiette des ménages pour ne figurer nullement dans le menu de bons nombres de familles algériennes.

Bachir Djaider

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