Le prix de la sardine ne cesse d’augmenter à Béjaïa. Cette semaine, il a atteint le sommet de 550 DA, voire 600 DA le kilo chez certains poissonniers. À ce rythme, il dépasserait, bientôt, celui de la viande de veau, qui, elle, a surtout une tendance à la baisse puisque dans certaines boucheries, son prix est descendu de 950 à 800 DA le kilo. C’est dû,; selon quelques bouchers interrogés, au manque de fourrage pour les animaux. Théoriquement, c’est le phénomène inverse qui devait se produire, c’est-à-dire qu’en cas de manque d’aliments, la viande devait se raréfier et devenir donc plus chère. Mais, expliquent nos interlocuteurs, l’abondance de l’herbe est à l’origine de l’abondance justement de l’élevage, d’où cette baisse des prix. Pour revenir au poisson et particulièrement à la sardine, la préférée des Béjaouis, son prix est si élevé qu’il est devenu insidieusement hors de portée des familles aux ressources moyennes. Du repas du pauvre qu’elle était, la sardine est devenue un produit de luxe quoi qu’en disent les responsables de la pêche. Il n’y a pas très longtemps, elle était réellement, du moins à Béjaïa et ses alentours, le repas du pauvre, à l’instar de la pomme de terre ou des pâtes, qui garnissent toujours les tables même des démunis. Qu’elle soit frite, grillée sur la braise du brasero, accommodée en boulettes saucées ou en chorba, la sardine était toujours succulente et savoureuse pour toute la famille, et rivalisait même avec les plats de viande les mieux réussis. Qu’a-t-on donc fait de la sardine fraiche, abondante, qui sent la mer, pour la rendre hors de portée des habitants. La pollution des fonds marins, la cherté des bateaux de pêche et des filets suffisent-ils, à eux seuls, à justifier l’ascension exponentielle du prix de la sardine ?
B. Mouhoub
