«On demande les bilans, moral et financier, de l’année !» lit-on sur la banderole fixée aux barreaux de la mosquée El Taqwa, du chef-lieu de Draâ Ben Khedda. Sur les murs, une déclaration et un avis à la population sont placardés par les deux comités : Cité Nouvelle et Cité Khellil, dont le président est Fatah Tchalabi. Après la prière du vendredi, nous avons abordé l’Imam de ladite mosquée et nous a donné son avis sur cette affaire qu’il qualifie de «déstabilisation de la mosquée». «Ces gens veulent déstabiliser la mosquée. Un comité de quartier n’a pas à se mêler des affaires de la religion d’autant plus que la commission religieuse existe et un président a été élu, en la personne de Bachir Bounar», dira l’Imam. Ce dernier, en homme religieux, posé et conscient, invite les mécontents à se rapprocher de lui et de la direction des affaires religieuses de la wilaya de Tizi-Ouzou avant toute chose. Les protestataires demandent le départ du président de la commission religieuse de la mosquée El Taqwa ainsi que trois de ses membres. Ils s’insurgent contre un président de l’association religieuse qui ne donne pas de bilans, moral et financier, et d’expliquer les causes de cette colère : «Travaux débutés les années quatre-vingts non réalisés à ce jour, tapis sales et déchirés, absence de sanitaire à l’entrée principale de la mosquée, présence de gens errants dans la mosquée, plusieurs vols non déclarés et … mosquée devenue entreprise privée par ces responsables simulacres». Le comité du quartier Cité Nouvelle, en plus des revendications de l’autre quartier (Cité Khellil), s’interroge : «Où est passé l’argent amassé depuis des années ? C’est anormal ! Nous exigeons l’ouverture d’une enquête !» Le président indexé par les deux comités cités plus haut et que nous avons abordé nous donne sa version des faits et de la situation qui prévaut actuellement au niveau de la mosquée : «D’abord, je dois préciser que je suis élu en 2012 et pour un mandat de cinq ans. Nous avons l’habitude de donner nos bilans (moral et financier) chaque année, au mois de Ramadhan. Le prochain Ramadhan, nous donnerons les deux bilans de l’année 2015». Quant aux travaux demandés, le président rappelle : «Nous sommes conscients qu’il y a des travaux à faire et nous ne pouvons faire quoi que ce soit avant la réhabilitation que nous avions déjà demandée depuis des années. Nous ne pouvons pas changer de tapis si la peinture n’est pas refaite, par exemple. L’étanchéité demandée par ces comités qui doivent être au courant de se qui se passe au lieu de dénoncer à tort, «est faite en 2015». Sur les lieux, deux jeunes membres de ces comités, en l’occurrence H. Mustapha et M. Mohamed, nous ont abordés pour nous livrer leurs avis qui se rejoignent : «Nous n’avançons pas des choses qui n’existent pas. Dieu nous garde. Nous avons pris des photos avec nos portables et que vous pouvez voir». Les photos montrent, en effet, des lieux qui se dégradent que le président ne nie pas mais a donné son avis (voir plus haut). Pour son départ, les uns l’exigent tout de suite, mais le concerné se réfère aux élections et la fin de son mandat pour deux années encore. Ainsi, la direction des affaires religieuses de Tizi-Ouzou est, à travers cette action et cette pétition signée par plus de 300 fidèles et personnes dont des femmes, est interpellée et doit intervenir afin de voir de plus près les voies et moyens de régler ce conflit qui pourrait s’aggraver, si les autorités feraient la sourde oreille.
Arous Touil