Marches à Tizi-Ouzou, Bouira et Béjaïa

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Le chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou a connu, hier, des marches populaires. Des actions organisées pour marquer la célébration des printemps berbère et noir mettant en avant la lutte identitaire.

Les deux marches ont eu pour point de départ la rue des Frères Ouamrane à proximité du portail principal de l’université Mouloud Mammeri où plusieurs personnes- des hommes, des femmes vêtues de robes kabyles et quelques enfants- devant y prendre part, se sont réunies dès le matin. Il n’en fallait pas plus pour faire sortir, en nombre dans la rue, la population de Tizi-Ouzou qui, en spectatrice, n’a pas tardé à user des portables et autres appareils photographiques pour immortaliser le moment. C’est vers 11h que le coup d’envois de la manifestation fut donné. Dans un premier temps, ce sont les partisans du RCD qui ont battu le pavé. Réparti en carrés, le mouvement a rejoint le deuxième rond point de la ville des Genêts en passant par la rue Lamali Ahmed et l’avenue Abane Ramdane. Ils secondaient entre autres slogans «Assa Azeka, Tamazight tela, tela». À la tête de deux des carrés, des personnalités du parti ayant pris part à la marche de Tizi-Ouzou étaient visibles, dont le président du parti, Mohcine Belabbas. Une prise de parole a eu lieu au point d’arrivée de la marche avant que les participants ne se dispersent dans le calme. Un peu plus tard vers 11h30, ce fut au tour du MAK de donner le coup d’envois à sa manifestation qui semble avoir regroupé plus de monde que la première marche. Les participants, dont la majorité semblait visiblement être des étudiants, ont sillonné les principales artères de la ville de Tizi-Ouzou secondant des slogans qui retracent l’identité et la lutte identitaire. Empruntant dans un premier temps le même parcours que la première marche jusqu’à l’avenue Abane Ramdane, avant de prendre le sens inverse en traversant le 1er tunnel pour rallier la place de l’ancienne station intermédiaire à la sortie Est de la ville. Là aussi, ont suivi des prises de paroles, et une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes des printemps berbère et noir a été observée, avant la dispersion des marcheurs dans le calme. À Bouira, aussi, des dizaines de militants du RCD ont battu, hier, le pavé à l’occasion de la célébration du double anniversaire du printemps berbère et printemps noir. La marche s’est ébranlée peu après 10h de la place des martyrs de la ville de Bouira en direction du siège de la wilaya. Tout au long de leur trajet, les marcheurs qui ont arpenté les boulevards Bouabdelah et Zighout Youcef, ont scandé des slogans tels que «Assa Azeka, Tamazight tela tela» (aujourd’hui, demain, Tamazight existe et existera), «Anwa wiggi, d Imazighen» (nous sommes amazighs), ou encore «Djazair Houra Dimocratia» (L’Algérie, libre et démocratique). Au terme de la marche, un rassemblement sera organisé devant le siège de la wilaya. Dans la déclaration qui sera lue devant l’assistance, les organisateurs ont tenu «à saluer la formidable démonstration citoyenne et pacifique» et «la leçon de civilité» dont ont fait preuve les marcheurs en ce 20 avril. Un peu plus loin dans le document, il est souligné que «le meilleur hommage à rendre aux animateurs du Printemps berbère est de protéger la cause identitaire des plans machiavéliques». Pour conclure la déclaration, le parti a appelé à la vigilance et à ne pas céder à la provocation, en allusion aux arrestations opérées par les services de sécurité le 18 avril à M’Chedallah. Les marcheurs quitteront les lieux peu après 11h et se disperseront dans le calme. À préciser qu’un impressionnant dispositif policier a été déployé aux quatre coins de la ville dès les premières heures de la matinée d’hier. Près de 200 personnes ont marché hier dans la ville de Bouira à l’appel du MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie), à l’occasion du double anniversaire du printemps Berbère d’Avril 1980 et du printemps noir de 2001. La marche qui a commencé vers 10h du principal campus de l’université Akli Mhand Oulhadj de Bouira, s’est poursuivi sur près de 05 kilomètres à travers plusieurs artères et rues de la ville, avant que les manifestants n’arrivent à la placette de la Maison de la culture «Ali Zaâmoum» de Bouira. Au courant de leur périple, les manifestants, dont la majorité était des étudiants de l’université de Bouira et des jeunes lycéens, ont soulevé des revendications et des slogans hostiles pour le pouvoir politique réclamant «l’autodétermination du peuple kabyle». Au niveau de la placette de la Maison de culture, les militants du MAK ont improvisé un rassemblement suivi d’une minute de silence observée «à la mémoire des martyrs des printemps Berbère et noir». Après une courte prise de parole et lecture d’une déclaration du MAK, les manifestants se sont dispersés dans le calme vers midi. À noter, par ailleurs, que des escarmouches ont failli éclater entre certains manifestants si ce n’est l’intervention des services de l’ordre près du siège de la wilaya, quadrillé par un important dispositif de sécurité composé d’élément anti-émeute de la Police. L’intervention des organisateurs et des policiers a fait éviter le débordement. Trois marches distinctes ont été organisées, hier, dans les rues du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa à l’occasion de la commémoration du 36ème anniversaire du printemps amazigh. Elles se sont toutes déroulées dans le calme et aucun incident n’a émaillé ces manifestations de rue. Dès la veille, un impressionnant dispositif sécuritaire a été mis en place aux alentours du siège de la wilaya et d’autres bâtiments publics. Alors que les militants du RCD ont, sous un soleil de plomb, battu le pavé pour réclamer une «officialisation effective» de tamazight, ceux du MAK revendiquaient, quant à eux, l’autodétermination de la Kabylie. Une autre marche a été organisée par des étudiants de l’université de Béjaïa pour dénoncer, selon eux, la «violation des franchises universitaires» par des policiers qui se seraient introduits dans l’enceinte de la résidence universitaire de Targa Ouzemmour, la veille. Durant toute la matinée d’hier, un hélicoptère de la Police tournoyait dans le ciel du chef-lieu de wilaya de Béjaïa. Après leurs actions de rue, tous les manifestants se sont dispersés dans le calme aux environs de 13h.

T.Ch./D.M/O.K./ D.S.

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