«Tamazight n’est ni contre l’Islam ni contre l’Arabe»

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Dans le cadre de la commémoration du 36e anniversaire du printemps berbère, l’association Idles d’Ouzellaguen a organisé, mercredi soir, une conférence animée par un militant de longue date de la cause berbère, en l’occurrence Djamel Zenati.

La salle des conférences grouillait de monde, dès les premières heures de ce mercredi matin, afin d’assister à la conférence de l’un des acteurs des évènements d’avril 80. Après avoir pris part à l’inauguration des bustes de Malek et Abderrahmane Bouguermouh devant le siège de la mairie éponyme, Djamel Zenati a animé une conférence autour de la cause berbère et des événements ayant secoué la Kabylie en avril 1980. D’emblée, le conférencier a rappelé à l’assistance le combat indéfectible des Bouguermouhs pour la cause amazighe, d’autant plus que Malek et Abderrahmane ont œuvré d’arrache-pied pour promouvoir la culture berbère et hisser au firmament ce riche patrimoine. Les contours du déclenchement des événements ayant ébranlé toute la Kabylie. Si beaucoup insistent sur le climat tendu des années précédant les évènements (frustration de plus en plus grande de beaucoup de Kabyles face à la marginalisation de la langue amazighe, activisme de mouvements clandestins opposants du FLN parti unique, tiraillements au sein du pouvoir depuis la mort du colonel Boumediene, grèves étudiantes, …) tous s’accordent à dire que le facteur déclencheur de la protestation fut l’interdiction de la conférence que devait donner Mouloud Mammeri le 10 mars 1980 au centre universitaire de Tizi-Ouzou. «À cette époque-là nous ignorions comment se déroulaient les manifestations et on ne savait nullement comment entreprendre une marche», balance, tout de go, le conférencier. Et de rappeler aux présents, que depuis l’indépendance, le régime algérien privilégie une voie répressive pour répondre aux revendications des citoyens. Il est un secret de polichinelle que le but latent est sa pérennisation au pouvoir. Toutefois, jusqu’au 20 avril 1980, le régime avait réussi à instaurer un climat de peur faisant du citoyen un sujet docile. Coupé des réalités, le régime ignorait que cette soumission du peuple était due à l’épreuve endurée pendant la guerre de libération. Par ailleurs, bien qu’il ait existé des simulacres d’organisations, ces dernières se limitèrent uniquement au rôle de courroie de transmission. Quant aux partis, ils furent tout bonnement interdits. «Tamazight n’est ni contre l’Islam ni contre l’Arabe», insiste l’ex-cadre du FFS. «La citoyenneté va de concert avec la reconnaissance des différences. La Kabylie a le privilège d’avoir eu des conditions historiques ayant favorisé l’éveil des consciences et de la citoyenneté. L’esprit de 80 est animé par deux éléments indissociables que sont la convergence et la rupture. Les Kabyles ont compris que seul le militantisme payera dans un pays renfermé sur lui-même. Au-delà de nos appartenances politiques et idéologiques, les anciens militants se sont convergés pour un seul but, qui est Tamazight. Le 1er novembre 1954 et le 20 avril 1980, la différence est quantitative, la rencontre de la rupture et de la convergence ont accouché une lutte implacable pour arracher la démocratie, chère à nous tous». Le verbe facile, en sus, accompagné d’une gestuelle que le conférencier avoue sans ambages, l’enfant d’Akbou n’a pas hésité de décrier les tentatives nihilistes du régime algérien visant à stigmatiser la Kabylie, et par ricochet, annihiler le mouvement amazigh et affaiblir les militants. «Aujourd’hui, nous sommes à la croisée des routes, car la rupture est loin devant la convergence du combat identitaire. Cette lutte intestinale n’a fait que diviser les rangs des militants de la cause identitaire», conclut le conférencier.

Bachir Djaider

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