Quand on se promène dans l’ancienne capitale des Hammadites, on est très vite frappé par le manque d’hygiène dans les rues, y compris sur les boulevards principaux.
Depuis quelques années, les conditions d’hygiène dans la ville de Béjaïa se sont considérablement dégradées. Où que l’on va, on se rend compte de l’état déplorable de la propreté publique. Que ce soit sur les grands boulevards, sur les places publics ou à l’intérieur même des cités et des quartiers. L’entrée de la mythique place Gueydon, celle que les touristes viennent visiter depuis toutes les régions du pays, vous accueille avec des poubelles débordantes et des détritus sur le trottoir. Le long du boulevard Amirouche, il y a aussi des poubelles, jour et nuit, tant le ramassage ne se fait pas à heure régulière. À El Khemis et tout autour des Babors et du marché couvert, les ordures jonchent les rues et les trottoirs, et les odeurs commencent à se répandre, surtout à la faveur du retour des chaleurs. La place centrale de la cité Tobal est également sale, et les poubelles remplies et débordantes font office de décor sans que personne ne réagisse à cette situation. Le parking de la wilaya, qui reçoit quotidiennement des centaines de véhicules, tant des fonctionnaires que des visiteurs, est infect. Cette place centrale dite du Palmier regorge de rongeurs et d’insectes matin, midi et soir. Un peu plus loin, et ce fut précisément le cas en ce mercredi 20 avril, les ordures ont été déposées à même l’abribus de la cité Naciria, au mépris de la population qui en a besoin pour se protéger de la chaleur de ces derniers jours. En plein milieu de la journée, les ordures n’avaient pas encore été ramassées.
Des immondices partout !
C’est aussi le cas à Igil Ouazzoug, Ihadadène, Tizi ou Sidi Ahmed. Plus grave encore, devant les abords immédiats de l’entrée de la polyclinique de Sidi Ahmed, ou encore de celle de Houma Acherchour et même aux abords de l’hôpital Khelil Amrane ou d’autres encore, les environs ont été transformés en dépotoir, sans que les autorités sanitaires ne s’en offusquent. Devant les écoles, aux abords d’un certain nombre de mosquées, en face d’immeubles administratifs, la réalité sanitaire de Béjaïa est offensante pour la bienséance publique. Même s’il est vrai que les problèmes d’incivilité doivent être relevés, il n’en demeure pas moins que les services publics chargés de l’hygiène de la ville de Béjaïa sont totalement défaillants. Il n’y a aucune excuse pour que cette situation demeure. Les Bougiotes, petit à petit, s’accommodent de la situation, s’enfonçant dans une situation de médiocrité et s’habituant à ce tableau hideux, ne se rendent même pas compte que leur environnement et leur cadre de vie s’est totalement dégradé au point où ça se répercute sur leur santé. L’invasion des mouches ces derniers jours n’est probablement que le premier signe de l’arrivée des «dix plaies d’Egypte». Et aucun Moïse ne pourra alors venir au secours de la ville. Cette situation avait été dénoncée il y a à peine quelques mois dans une pièce de théâtre de Bazou, où il avait remis à l’ordre du jour la prophétie de Sidi Touati, ce moine du onzième siècle qui avait prédit que la beauté et la splendeur de la ville allaient sombrer. Aujourd’hui encore, Béjaïa a le chic d’abimer ses meilleurs sites écologiques, par une gestion catastrophique des déchets ménagers, allant jusqu’à empoisonner la vie de la population de Oued Ghir, ou désacraliser la beauté de Boulimat. Tout cela se répercute sur la renommée et l’honneur des Bougiotes, aux yeux des visiteurs qui ne comprennent pas que ce petit paradis qui est un don du ciel, se transforme en un repère pour les rongeurs et les épidémies. Car celles-ci sont tapies dans l’ombre et se mettent en embuscade, pour se déclencher au moment où on ne s’y attendrait pas. Les lois de la nature sont implacables. La saleté provoque des maladies et celles-ci préparent le terrain pour l’arrivée d’épidémies qui peuvent être ravageuses. L’exemple d’Oran au début de ce vingt et unième siècle est éloquent. Cette magnifique ville a connu un retour de la peste bubonique alors qu’on la croyait définitivement partie. Béjaïa, connue pour sa réactivité sur le champ politique, capable de rassembler des milliers de personnes dans des marches grandioses, est incapable de s’unir pour dénoncer le manque d’hygiène de la ville. Une fois le sachet poubelle déposé sur le trottoir, le Bougiote s’en lave les mains, ignorant que ça se retourne sur lui et ses enfants. Il fut un temps où la ville de Béjaïa avait été classée la ville la plus propre d’Algérie.
Responsabilité partgaée
Aujourd’hui, elle serait hors classement, incapables même de la classer parmi les dernières. Le Bougiote sous peu, va commencer à avoir honte de sa ville dont il est pourtant si jaloux, et peut-être aussi de lui-même. Car les gens ne diront plus que Béjaïa est sale, mais que les Bougiotes eux-mêmes le sont. La responsabilité est partagée entre la population et les autorités. Pourtant, il existe des exemples de correctes prises en charge de cette question, et deux APC nous en donnent l’exemple : Tinebdar et Iguesafen. Il est donc possible de prendre en charge la question de l’hygiène et des ordures ménagères, pourvue que la population et ses responsables élus et désignés s’y mettent. Un peu comme Astérix et Obélix qui ont organisé la résistance contre l’occupation romaine dans le nord de la gaule, il existe également un bastion de résistance contre la saleté envahissante. Il s’agit du quartier dit Oued Achelal, sur les hauteurs de la ville derrière l’ancien hôpital. Une association de quartier a pris les choses en main, et depuis, pas un mégot ne traine par terre. Une cage à ordure a été ainsi aménagée, et les habitants n’y jettent les ordures qu’à heures fixes, rendant l’atmosphère agréable, et le quartier remarquablement propre. Il faudrait peut-être en prendre l’exemple, et se rendre compte que l’hygiène n’est finalement pas si difficile à obtenir. Alors, pour le reste de la ville, il serait peut-être temps de dire ça suffit, ou Basta Ya !
N. Si Yani