Le statu quo

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Au septième jour de la fermeture du siège de la mairie de la commune de Timizart par les citoyens du village de Mahbouba, aucune solution, pour désamorcer la crise en cours, ne semble se profiler à l’horizon. C’est le même décor sur les lieux. Une mairie assiégée face à l’indifférence de tout le monde. Les contestataires, eux, tiennent bon et rappellent, par leur présence massive, leur détermination à faire valoir leurs droits. Par contre en face, les responsables de la commune sont les grands absents. En effet, en ce septième jour de fermeture, aucun responsable ni élu ne se s’est présenté pour au moins faire un point sur la situation ou bien rassurer les citoyens quant à une éventuelle sortie de crise. Livrés à eux-mêmes, les quelques citoyens qui sont arrivés pour leurs besoins auprès de l’administration n’ont eu d’autres choix que de rebrousser chemin dans une attitude de frustration et de lassitude. Pendant ce temps, la question qui circule de bouche à oreille et qui revient comme un refrain sur toute les langues est : «combien va durer ce bras de fer entre les citoyens de Mahbouba et l’administration ?» Pour Da Belkacem, responsable du comité de village de Mahbouba, que nous avons approché hier matin, les choses sont claires : «Notre village se meurt chaque jour un peu plus. Or, comme vous le constatez, aucun responsable ne s’est présenté pour faire, avec nous, le point de la situation, ni le maire ni le chef de la daïra et encore moins les autres élus. Pourtant, notre action est grandement médiatisée, surtout depuis la venue, hier, des chaînes de télévisions qui ont filmé sur place la situation quasi dramatique que nous vivons depuis des années. Comment qualifier cela ? Je ne trouve pas de nom… Aussi, nous prenons les citoyens de la commune à témoins car il nous est pénible d’être obligés de recourir à des actions extrêmes, mais avons-nous d’autres choix quand, pour toute une vie, on nous propose une survie ?» Des propos qui disent long sur l’amertume des gens de Mahbouba, mais qui soulignent aussi un dilemme terrible et un grand embarras : comment faire valoir ses droits sans léser le reste des citoyens de la commune ? «Commune à forte densité de population (quelques 37 000 habitants) et quelques 36 villages, Timizart, cette municipalité fondée par l’administration coloniale en 1957 (donc l’une des plus ancienne de la grande Kabylie), est de fait une municipalité difficilement gérable tant le manque à gagner est énorme sur tous les plans. Dans un passé récent, les citoyens comptaient sur un nouvel découpage administratif pour soulager un peu l’actuel APC de la charge énorme qui lui incombe. Hélas, ce découpage, maintes fois évoqué par les uns et les autres, n’est jamais venu, rendant ainsi ce fol espoir caduc. Les retards accumulés depuis l’indépendance à ce jour par les différentes équipes qui ont géré la municipalité resurgissent à chaque fois avec plus d’intensité et de gravité ce qui oblige à chaque fois l’administration à gérer dans l’urgence pour calmer les uns et les autres. C’est la politique du «gagner du temps». Mais comme chacun le sait, le temps ne se gagne jamais, il finit toujours par nous rattraper. Le cas de Mahbouba en est l’illustration parfaite, malheureusement», nous dira cet ancien élu au fait des arcanes de la gestion administrative. Toujours est-il qu’en cette matinée du lundi, Souk El-Hed, chef-lieu de la commune de Timizart, que balaie un vent fort et chaud, semble à l’abandon. Rares sont les passants, une circulation au ralenti comme si toute la population se retrouve soudain frappée d’une léthargie et sous l’effet d’une situation pour le moins insolite et qui lui échappe complètement. Sentiment d’impuissance quand tu nous tiens !

A. S. Amazigh.

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